Pour tous ceux qui attendent avec impatience un hypothétique retour de Godspeed You Black Emperor ! (aux dernières nouvelles, le groupe ne s’est pas séparé mais aurait pris de la distance suite à un désaccord concernant la guerre en Irak), la sortie d’un nouvel album de Thee Silver Mt Zion, le side-project le plus intéressant issu de la maison mère Godspeed, se vie généralement comme une bonne nouvelle. Si TSMZ (en version abrégée) s’est primitivement fait repérer pour des albums d’une tristesse magistrale et alors essentiellement instrumentaux, la formation s’est progressivement élargie pour intégrer des percussions et des guitares en suivant certaines lignes directrices de Godspeed (This Is Our Punk-Rock, Horses In The Sky). 13 Blues For Thirteen Moons ne fait pas exception. Les formats des morceaux sont allongés, faisant alterner différents mouvements, y compris les déluges sonores poutant secondaires lors des balbutiements du collectif de Montréal. On peut certes regretter la faible place laissée aux cordes qui sublimaient naguère les plaintes de Born Into Trouble As the Sparks Fly Upward mais cet abandon relatif n’enlève rien à l’intensité qui se dégage de l’ensemble. Les canadiens parviennent à tutoyer les effusions électriques du dernier Vic Chesnutt, la ténacité des guitares aidant. Conclusion logique : s’il était instrumental, 13 Blues For Thirteen Moons serait un sérieux prétendant au podium de fin d’année. Seule ombre au tableau, Efrim Menuck (pseudo gourou de Godspeed) chante. Même Beaucoup. Et mal ou fort, selon les goûts. Insupportables par instants (l’introduction de Blindblindblind), ses beuglements ne dérangent plus lorsqu’ils sont couverts par la masse sonore mais sabordent néanmoins une partie du disque, ce qui soit dit en passant est d’autant plus regrettable que les chœurs sont eux réussis. Dommage, car on à tendance à baisser le volume, là où les montées d’adrénaline procurées par les titres de Godspeed nous donnaient envie de faire le mouvement inverse. De quoi rester dubitatif...