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Il y a des rencontres amoureuses qui se concluent en quelques minutes, laissant un goût amer et un sentiment de se sentir sale, donnant au prosélytisme pour une virginité tardive des allures de nouvelles quêtes, et puis il y a la rencontre longue à en perdre haleine de ne pas la consommer, quitte à griller de l’énergie à la maintenir en éveil. La chronique de The Uglysuit est une rencontre amoureuse longue, lente à se mettre en mot. A l’image de the funeral, the Uglysuit est un album qui ne se donne pas à la première écoute, déflorant ses secrets comme un lent striptease, montant l’excitation à son paroxysme sans jamais nous faire craquer négativement. Il y a une énergie et un souffle dans ce disque qui pourrait aller à l’encontre du moral des ménages français alors que déjà vont fleurir dans les boites aux lettres les catalogues de jouets de Noel, raison probable de suicides hivernales. Le déclic si il est évident dés le morceau d’ouverture (« brownblue’s passing ») il se fera sur « …and we became sunshine » quand au bout de deux minutes et quatorze secondes la batterie fera doucement glisser cette musique quasi mystique vers quelque chose d’héroïque, comme une montée d’adrénaline qui se traduirait non pas par une violence exacerbée, mais plutôt par un souffle épique et aimant. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si le groupe fait de la musique ensemble depuis l’adolescence, les musiciens ont dû en traverser des soirées à ne pas trop aimer le présent et à craindre le passé, sauf qu’avec dix doigts et des cordes vocales ils se sont vite dit que le futur pouvait être agréablement échafaudé. Il y a tout dans « brownblue’s passing », une chanson qui ne se trouve pas de direction, qui tourbillonne sans jamais rien saccager comme pourrait le faire un tournage malade. S’accordant des moments de réflexion ou de repos comme le créateur ultime, the Uglysuit repose sa pop pastorale pour des pop songs lumineuses (« Chicago ») ou des idiomes post rockiens sur l’énervé et remuant « everyone now has a smile », concentration de violence savamment diluée, car on a du talent ou on en a pas. Disque précieux dans tout les sens du terme, The Uglysuit sera l’une des pierres angulaires de cette année 2008, et à l’heure des bilans il pourrait monter à la hauteur du premier opus d’Arcade Fire, avec des hymnes jamais vulgaires qui iront à merveille illustrer le drapeau de notre patrie musicale, celle des romantiques un brin désabusés qui finissent par accepter que des caresses mélancoliques leurs adoucissent la vie. Chef d’œuvre.




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