> Interviews



Interview réalisée lors d’un concert au Pop In, Paris, le 14 Décembre 2005

Tu as sorti un album en 2003 chez Another Record, " Melancholic ecstacy ", et tu te prépares à la sortie d’un nouvel album en 2006. Peux-tu nous en dire plus ?

— Il est toujours en cours d’enregistrement et sera très différent du premier, qui était très pop. Celui-ci sera très folk, avec une basse guitare/voix que j’habille avec quelques arrangements ; mais je tiens vraiment à garder l’essence des morceaux. Le songwriting est très classique. J’ai voulu faire quelque chose d’intemporel . Il y a une participation de Valérie Leclercq d’Half Asleep, qui vient de sortir un album chez Unique Records. Elle a chanté sur deux titres.

Besoin d’une présence féminine ?

J.A : On a toujours besoin d’une présence féminine… mais particulièrement sur ces deux morceaux là qui se très chargés émotionnellement dans les textes. Moi ma voix est très dure, très sèche. Sa voix est étonnamment calme et apaisée par rapport à la mienne. Cet album ne devrait pas être très optimiste…

Donc le prochain sera logiquement plus proche de l’orchestre du Splendid ?

— oui avec des chœurs inuites et une énorme section cuivre.(rires)

Tu as choisi de livrer tes impressions au fur et à mesure de l’enregistrement de ton album dans ton weblog. Est-ce que tu peux comprendre que certains interprètent ta démarche comme un manque de pudeur ou du narcissisme ?

— Oui c’est totalement impudique (rires). Mais où est l’impudeur. Là je réponds à une interview. Donc je me livre. Sauf que dans mon weblog, je devance les questions et je choisis donc les questions ET les réponses ! En l’occurrence c’est un parcours, je n’envisageais pas qu’il soit aussi chaotique. C’est juste une manière de montrer comment ce qui arrive dans la vie réelle pour interférer avec l’enregistrement du disque. C’est aussi démarche plus ou oins thérapeutique via l’écrit.

Peux-tu nous parler des textes. Beaucoup font référence à la guerre…


— Beaucoup des gens de notre génération ont eu leurs parents ou leurs grand-parents qui ont connu la guerre, voire qui y ont participé. Moi c’était le cas avec mon grand-père paternel. J’ai toujours été marqué par cette période-là, pour son côté symbolique dans la façon qu’elle a au de changer le monde. On peut partir de quelque chose de très concret comme la guerre par arriver finalement à des textes très métaphoriques. Cà donne des textes assez sombres et littéraires. C’est une recherche personnelle. J’aime bien l’idée que les textes vivent en-dehors de la musique.

En tant qu’artiste sortant des disques sur une structure très liée à Internet, sens-tu que ton activité est menacée par les projets de loi sur les DRM ?

— Ca va être un gros bordel. Il va y avoir un moment où cette politique de flicage va se mettre en place. Another Record ne va peut-être mourir dans deux mois, mais dans un an, rien n’est moins sûr. Il y a toujours moyen de contourner les lois stupides qui sont votées. Mais ce serait quand même plus simple de ne pas avoir à s’en préoccuper si le cadre légal nous permettait d’obtenir un plus grande visibilité. En tout cas, le téléchargement continuera, je le promets à Pascal Nègre.

Que dire des sites Myspace sur lesquels les artistes proposent des morceaux en libre écoute…. ?

— effectivement les politiciens qui préparent dans l’ombre ce genre de loi n’ont absolument aucune idée des ramifications énormes qui sous-tendent les systèmes de téléchargement de musique libre et du nombre de cas de figure qui se présenteront à eux dans l’application éventuelle de ces nouvelles lois. C’est tout simplement ingérable. Apparemment une loi plus ou moins équivalent aurait été votée aux Etats-Unis et il semblerait que les politiques là-bas passeraient leur temps à sans arrêt réajuster ces lois et redéfinir le cadre qui les régit.