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Interview réalisée au Printemps de Bourges en Mai 2005

Vous venez tous d’horizons musicaux différents avec des expériences dans d’autres groupes avant de fonder GOMM. Comment vous êtes-vous retrouvés à partager cette expérience tous les quatre ?

— On était déjà tous plus ou moins ensemble dans les deux groupes que l’on avait précédemment dont on s’est lassés à cause de problèmes d’égos ou de tendances dans la création musicale. Une fois on s’est retrouvé à répéter à quatre et çà a été le déclic parce que tout s’est bien passé. C’était assez naturel. La complicité était telle qu’au bout de quelques mois, même en improvisant , chacun avait sa place. On s’est rendu compte qu’on était complémentaires. Sans vouloir se l’avouer, on en avait assez du schéma leader et groupe qui accompagne. On savait en créant GOMM dans quels travers on ne voulait pas retomber. C’est d’ailleurs pour ça qu’on fait l’interview à quatre parce qu’il n’y a pas de leader. (rires)

Si vous deviez définir cette base commune ?

— il y a les influences, mais aussi le son, le choix des instruments. Il y a une passion pour les vieux instruments. On n’écoute pas tous les mêmes choses, mais il y a cette passion qui nous unie sans que ce soit forcément explicable par des mots. Cà se passait bien humainement aussi entre nous, donc on ne s’est pas posé trop de questions, on a pris les instruments. Le fait de répéter ensemble a été une révélation. Après la première répétition de deux heures, c’était déjà sûr qu’il fallait continuer. Je sais plus trop à quoi çà ressemblait mais il doit rester des vieilles cassettes…

Il y a une chanson en allemand sur l’album…

— En fait c’est un titre qu’on avait déjà avec le groupe précédent et que l’on a gardé parce qu’on l’aimait bien. On l’a retravaillé, on l’a " gommisé ", c’est un private joke. Le texte en allemand est extrait d’un manuel scolaire de quatrième. Donc on ne respecte pas forcément l’accent. Le côté un peu martial des sonorités était intéressant car on travaille plus sur le son que sur le sens. En tout cas sur celle là le sens est complètement anecdotique.

Vous vous en servez pour ouvrir les concerts….

— Oui, il y a un côté fédérateur avec une sirène en plus. C’est pour dire aux gens qu’il faut qu’ils viennent voir. Et puis c’est un morceau sur lequel on est tous à l’aise et çà permet aussi aux techniciens de tout caler.

Comment çà se passe au niveau de la répartition des rôles dans le processus d’écriture ?

— Il n’y a pas vraiment de règles. On compose à quatre de plus en plus. Un de nous peut ramener une ligne ou une mélodie. A partir de çà, tout le monde joue autour et on pose quelque chose ensemble. On ne réfléchit qu’après sur la musique ou les arrangements. On improvise çà peut durer vingt/vingt-cinq minutes en fait, on enregistre et après on réécoute. Ce n’est pas non plus basé sur des questionnements, çà se passe naturellement. Le vrai travail est un nettoyage si on veut, on enlève ce qui est superflu pour arriver à l’essence même du morceau, à l’essentiel. On sent qu’au bout d’un moment c’est bon.

Vous parlez de " désécriture ", ce qui rappelle forcément le titre de l’album " destroyed to perfection "…

— On a des morceaux très longs, on va le détruire, le modifier, le " triturer ", intervenir dessus et arriver à quelque chose qui nous plait. On est très perfectionnistes nous-mêmes. Aussi bien pour la pochette de l’album que pour le site puisque c’est Ollivier (NDLR : un des membres du groupe) qui s’en occupe. Dans nos vies respectives, on s’est canalisés, on a fait des choix qui n’étaient pas forcément agréables ou faciles. Sur l’album, le titre " Into perfection " développe cette idée-là. Les paroles sont sur le site.

D’où vient ce nom GOMM ?

— (ils changent de place en ricanant) Ce sont les initiales de nos prénoms : Guillaume, Ollivier, Marie, Mathieu !

Peut-on déjà faire un bilan entre 2004 et 2005 ? En 2004, vous étiez Découvertes du Printemps de Bourges, lauréats de deux prix, cette année vous revenez en tant qu’artistes confirmés….

On est fier. Ce n’est pas non plus un aboutissement ; C’est une étape très importante et symbolique.

Est-ce que le Printemps de Bourges a été un moteur ?

— Ce n’est pas vraiment le mot. Il s’était passé pleins de choses pour nous avant le Printemps de Bourges 2004, qui se sont cristallisées par la suite. Il y avait une sorte de buzz, les gens parlaient de nous. Et on a eu la chance de faire un bon concert l’année dernière et les professionnels étaient là et donc à partir de là on a travaillé avec Radical (NDLR : tourneur) et çà s’est enchaîné avec PIAS.

Avez-vous eu l’impression de galérer pour atteindre votre situation actuelle ?

— Cà s’est fait progressivement . On n’a jamais eu l’impression de stagner ou de batailler. On n’a pas toujours cherché à provoquer des rencontres. Cà s’est passé naturellement. Pour le disque c’est la même chose, on n’a pas attendu des labels. On a sorti d’abord l’autoproduit et le contrat avec PIAS s’est fait après. On galère quand on se fixe des objectifs qui ne sont pas les bons au bon moment. Au départ on est un petit groupe qui répète le samedi après-midi mais on a pris les choses une à une pour apprendre à se connaître et trouver notre identité. On a pas voulu aller trop vite. Toutes les étapes au début, çà a été très formateur. Le groupe s’est formé en 98, mais finalement, c’est à partir de 2001 que l’on s’est dit qu’on voulait en faire notre métier. Pour nous çà a été des expériences positives. Cà dépend ce que tu entends par " galérer ". Nous on s’est dit " voilà on n’a pas de label, on peut faire que des premières parties, on va transformer çà en atout ", il y a cette méthode de travailler qui consiste à dire qu’on va devenir meilleur grâce à çà. C’est un peu notre réaction pour retourner le sens des choses pour que quoi qu’il arrive, on grandisse.

Vous sentez-vous proches d’autres groupes français en ce moment ?

— On a rencontré THE FILM en tournée. On est proche humainement, et en termes d’influences.

Et des groupes comme SLOY ?

— On a été rattachés à eux dans quelques chroniques. Moi personnellement je n’ai jamais écouté SLOY…Je connais juste le titre " Pop " (NDLR : du premier album , indispensable), mais on a aussi joué avec EXPERIENCE.

Quand on lit ce qui est écrit sur vous en ce moment, l’adjectif " neo punk " revient…

— (rires) Cà ne veut pas dire grand chose. C’est dangereux toutes ces étiquettes. On préfère parler de " rock ", c’est plus simple. Il y a sûrement plein de gens qui écoutent GOMM et qui n’ont jamais écouté de punk, selon leur culture musicale. Le coté punk vient surtout du fait qu’on n’est pas du tout techniciens. C’est le côté de se débrouiller un peu soi-même. Et puis il y a un côté basique.

Vous vous habillez en costard-cravatte sur scène…

On veut présenter un univers, même si le mot est un peu pompeux, il y a les costumes, notre position en arc de cercle sur scène avec le public qui referme le cercle. On ne laisse pas grand chose au hasard. On est sensible à l’art en général. Chacun à sa place sur scène, mais ce n’est pas par défaut, c’est réfléchi. Pour les costumes, il y avait une sorte de références aux groupes sixties. C’est aussi l’idée de groupe…

Interpol aussi s’habillent en costume sur scène et eux ont une réponse très claire, c’est " Nous on s’habille pour aller bosser " !

— (rires) Cà c’est la phrase qui claque et qui va être mise en exergue en gros caractères…Il y a beaucoup de groupes en costard-cravate en ce moment mais nous on ne se sent pas gêné par rapport à çà car on l’a toujours fait. Le fond et la forme sont importants.

On sent une préoccupation esthétique très " Velvet Undergound " de l’œuvre, c’est-à-dire une vision de l’art un peu complexe : on n’est pas seulement des musiciens , on va travailler le côté graphisme, vous avez travaillé sur la musique d’un court-métrage…

— L’art est une manière de vivre. On est sensible au cinéma. Il n’y a pas de démarche , çà vient naturellement, çà fait partie de nous.

Votre album a été enregistré par votre ingé son perso et produit par le groupe. Si vous deviez choisir un producteur pour le deuxième album…

— C’est une question un peu délicate. Il faudrait qu’on trouve une personne avec qui il y a un coup de cœur, et avec lequel/laquelle on travaillerait en confiance. Pour le premier album, on avait l’idée, on a choisi de faire des prises de son assez brutes car on voulait un son live et puis les sons de départ étaient déjà travaillés et pour le mixage on avait déjà une vision de ce que l’on voulait. On n’est pas contre des propositions mais bon on a pas plus que çà envie de travailler avec Steve Albini ! Moi j’adore ce type de production, mais je ne suis pas sûr que çà serve GOMM. Beaucoup de groupes fantasment sur des producteurs, mais c’est un peu travestir ce qu’on est que de prendre quelqu’un pour un nom ou son CV .



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