> Interviews



Interview réalisée en janvier 2005. Merci à Denis de Monopsone et à Supercilious

Quelle a été l’idée de départ de ce disque ?

— Supercilious : Initialement,il n’y avait pas d’idée précise au sens ou tu l’entends ,car cela impliquerait une notion de concept qui ne m’est pas franchement familière...Il y avait juste l’envie de m’immerger dans le musique,de me faire plaisir...ce qui a finalement évolué vers l’idée d’un album au fur et a mesure qu’un univers commençait a voir le jour...C’est la effectivement que j’ai réfléchi a la façon dont les choses pouvaient se construire,ou se déconstruire d’ailleurs...l’idée d’un album se développant toujours sur la même gamme ou la même couleur a tendance a m’ennuyer , je me suis donc amusé a faire évoluer le disque en mélangeant diverses sonorités,divers atmosphères...

Comme pas mal de disque de nos jours le lien de la track list est très important ici ou est ce involontaire ?

— En fait l’idée était vraiment de constituer un monde en mouvement, chaque morceaux représentant un de ces mouvements et découlant du précédent.

N’as tu pas eu la tentation de laisser avec des instrumentaux ?

— Non...la présence de la voix de Yucky Yummy est bien trop précieuse et importante a mes yeux...Elle joue a mon sens un rôle fondamentale dans l’album et permet de lui donner du relief. C’est souvent elle qui joue le rôle de contrepoint ou d’apparition par rapport a certaines sonorités un peu abrasives...De plus elle a un caractère épouvantable et je ne me vois absolument pas lui annoncer que je ne fais plus que des instrus, je tiens trop a mon intégrité physique....Et puis les morceaux chantés font aussi parti de ma culture...je pense que je ne pourrai pas m’en passer.

Comment sont venus se greffer les textes ?

— En règle générale je ne prête pas une grande attention au texte,ce qui m’intéresse c’est avant tout l’impression d’ensemble laissée par le morceau. J’imagine donc la mélodie vocale avant tout (ou bien Yucky Yummy l’imagine,suivant qu’elle trouve ce que je lui propose a son goût ou non...) Les paroles viennent après,comme une obligation particulièrement chiante,car je considère que la musique a un pouvoir évocateur bien supérieur aux mots.En définitive, Energy has fortgotten my arms est le seul texte auquel je me sente réellement attaché , et il ne fait que huit malheureuses lignes !

Pars-tu d’une base d’improvisation ?

— Pas vraiment dans la mesure ou le disque a été fait uniquement via la programmation , il n’y a rien de live dans tout cela mis a part quelques guitares et mise a part les voix évidemment...En fait la seule improvisation possible dans ce cas , c’est juste le fait de triturer les sons ,d’essayer des combinaisons,et de voir si ça marche ou pas.

Ta base de départ est elle la rythmique ? y a t’il pas une volonté de mettre de construire des mélodies grave aux rythmes ?

— En fait dans mes morceaux j’essaie de faire en sorte que rythmes, textures et mélodies soient inter-dependants...que ces trois éléments se complètent et forment un tout...Il ne m’arrive en fait jamais d’avoir toute une structure rythmique et de me dire "bon, ça c’est fait,maintenant,les mélodies !" Les deux se construisent simultanément et se font évoluer mutuellement.

Si on sent l’influence de warp "Next Time We Go Sublime " semble recouvert d’influences moins explicites. Peux tu nous en parler ?

— Oh la la pas évident de répondre a cette question parce que j’écoute vraiment des tas de trucs...Apres, savoir ce qui a constitué une influence pour Next Time We Go Sublime n’est pas simple...Disons que mis a part des trucs comme Autechre et l’electronica en général,les disques qui m’ont marqué et qui ont donc probablement changé mon appréhension de la musique sont ceux de Fugazi,de My bloody valentine,des Pixies, de Speedy J ,d’Arvo Part,de Miles Davis...En fait je crois que je passe des trucs pop les plus mimi genre ceux du label Sarah a des trucs qui sentent un peu plus sous les aisselles, genre Refused , en passant par des univers moins balisés niveau structure,voir complètement barrés,comme l’excellent Phil Collins par exemple...le dernier truc qui m’a vraiment plu, c’est Boogers qui propose des maxis a télécharger sur son site,ça a la classe !

Question bête mais aurais tu pu sortir ce disque en plein été ?

— Avec l’été pourri qu’on a eu cette année je pense que ça aurait cartonné !J’ai beaucoup insisté auprès du label en voyant le baromètre descendre jour après jour mais tout ça n’a pas été possible car en été,les gars de Monopsone font leur feignasses et n’en foutent pas une...Encore un plan marketing sacrifié sur l’autel de la paresse...

Penses tu tourner et si oui comment vas tu appréhender la scène ?

— Ça fait effectivement partie de ce que j’ai envie de faire et j’y travaille accompagné de Yucky Yummy et de trois autres musiciens. ce sera un mélange de machines et d’instruments plus traditionnels comme la guitare , la basse,ou les maracas...

Une des caractéristiques des derniers monopsone c’est la possibilité pour eux d’être une influence à un support visuel. C’est un souhait chez toi, ou pars tu d’une image pour construire tes morceaux ?

— Certains morceaux de l’album ont déjà illustré des courts métrages,et dernièrement un long métrage, pour lequel j’ai aussi fait des morceaux originaux... je travaille également en collaboration avec une compagnie théâtrale dont je fais les bandes sons...J’imagine donc qu’il y a une connexion entre les pratiques visuelles et ce que je fais. Ceci dit je n’ai pas l’impression de composer en fonction d’images, peut être plus en fonction d’impressions ou d’imagerie....

Peux tu envisager un travail de remix autour de cet album qui semble planter un décors à vocation de se voir changer ?

— Le travail de remix est déjà en cours !il est d’ailleurs presque terminé ! Monopsone a prévu de sortir 2 disques en format 3 pouces constitués chacun de 1 inédits plus trois remixes très prochainement .

Tu devais parler de ton travail comment en parlerais tu ?

— La question emmerdante par excellence ! merci !... Honnêtement je pense que tenter d’avoir une distance analytique sur ce qu’on fait en terme de création n’est pas une bonne chose...Et de toute façon je n’en suis pas capable

Dans l’avenir penses tu pencher plus vers l’organique ou le synthétique, ou continuer dans ce nécessaire équilibre ?

— Si l’équilibre est tellement nécessaire alors je pense que je vais être obligé de m’employer a le perpétuer...Plus sérieusement j’essaie pour l’instant de trouver une formule qui me permette de ne pas tourner en rond. Il faut considérer la musique comme un vaste champ d’apprentissage et c’est avant tout dans la façon de composer que les choses vont changer pour moi,histoire de continuer a me rendre les choses excitantes et amusantes .

Le mot de la fin reste à l’invité

— Euh...jus ?.