On a quand même pas mal glosé sur la nouvelle version de Ségolène Royal, façon derviche tourneur sans le mouvement, agrémenté d’un stand up qui n’est pas plus infréquentable que ceux de nos nouveaux comiques à la réplique unique. Ce qui a choqué c’est cette façon sectaire de clamer Fraternité. Mais la fraternité à la base ne peut exister qu’avec la liberté, et celle ci notre bonne Ségolène devrait aller voir les gars de Gable pour lui inculquer. A l’heure du formatage, songez que même sœur Emmanuelle fait comme tout le monde (c’est d’un commun) les Gable eux s’inventent une vraie démocratie participative, une ostensible et machiavélique machine à casser les codes. Je vois les grincheux, les adeptes de la motion Aubry, me rétorquer que Sentridoh sortait des disques comme celui ci à une fréquence égale aux nombres d’inepties racoleuses de Mélenchon. Certes, mais Gable a fait grandir le low fi, lui a donné des habits neufs, lui a proposé de prendre une douche d’effet, et surtout lui a demandé après s’être bien refait la cerise de voler de ses propres ailes, car comme un socialiste la musique est partageuse. Il en ressort un drôle de chanson avec de grandes micros chansons, jouant avec les teintes et les ombres, Un président du FMI à tendance socialiste vous dira que « seven guitars with a cloud of milk » est un disque de récession, un plan en dix huit morceaux pour réduire les coûts sans perdre la bonhommie de la vie, sauf qu’un grand argentier ne comprend jamais rien à la poésie, car ce disque est un disque poétique, un acte de contrition à cet art souvent bafoué par des anciens ministres dégarnis. Les titres sont des respirations étonnantes, des moments de vie et de jeux que l’on retrouve plus guère que dans une assemblée participative après un banquet en l’honneur de Jaurès. Bouffée de Li-ber-té, ce premier album de Gable en dit plus sur nous et sur notre aspiration animale et artistique, qu’un congrès en Champagne. Dites à Gable qu’ils signent un disque politique, cela devrait les surprendre. Votons Gable.