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En première partie de cette événement au Glazart, on a eu la chance de découvrir une formation franco-américaine, Pillars of Fire, un projet de musique expérimentale conçu comme une bande son pour trip vidéo psychédélique, un projet très proche de Nurse with Wound. Habité, c’est l’adjectif qui revient le plus souvent pour décrire la façon dont ce trio fonctionne, Julien Langendorff, Jason Glasser et Sol Sanchez. Cette formation a plusieurs têtes tournantes selon les évènement auxquels ils participent, Matteah Baim, moitié du projet Metallic Falcons ou encore Lori Sean Berg de Berg Sans Nipple. Difficile de rendre sur papier une musique qui fonctionne sur votre système nerveux, et vous plonge dans une sorte de transe dans sa longueur, je me souviens d’un morceau sans fin totalement jouissif, chaud comme le feu matérialisé dans les images projetées. Imaginez alors au milieu de ce feu assourdissant une PJ Harvey débarquant d’une forêt remplie de monstres. Julien manipule sa guitare avec un archet, tourne la plus part du temps le dos au public, mais l’intérêt n’est pas sur la scène, c’est une musique à écouter les yeux fermés, il faut se laisser transporter dans cette forêt, dans ce tournoiement, cette danse du feu. Jason au violoncelle oscille sur son instrument à coup de spasmes, c’est le plus chamanique des trois, la complexité de son dispositif de pédales, et son drone qu’il fera tournoyer au dessus de sa tête font de lui le centre nerveux de Pillars on Fire, Julien n’est pas en reste, sous sa casquette, se planque une imagination débordante, artiste complet, dessin, peinture, écriture, musique, ce jeune surdoué de l’art baigne dans le psychédélisme auquel il apporte sa touche d’originalité dans ses dessins comme dans les larsens qu’il créent, Sol quand à elle de sa voix puissante sublime cette formation psychique qui a su nous mettre en bonne condition pour le concert tant attendu. P.Orridge arrive avec PTV3 dans une salle à moitié remplie mais acquise à sa cause, habillée d’une longue robe orangée ne dévoilant pas sa poitrine. J’avais vu TG (Throbbing Gristle : groupe qui a posé les fondements de la musique industrielle) l’année dernière à villette sonique, et je n’avais jamais vécu une expérience musicale aussi déstabilisante, vidéo très très dure et musique très tendue peuvent provoquer quelques évanouissements, ceux qui sont tombés s’en souviennent encore. Je ne savais pas que P.Orridge était aussi doué pour le rock et les cris furieux. Car PTV3, c’est du rock pur, une rythmique insurmontable qui vous écorche la nuque, un leader charismatique qu’est P.Orridge relevant de la science fiction, ou du film de zombie, tant P.Orridge comme Jagger ou Jackson a sa façon unique de bouger et sentir la musique. En fait si il y a bien un groupe dont le retour mérite nos applaudissements bien trempés c’est cette réincarnation de P.Orridge dans PTV3. le concert démarre par des bisous (oui, des bisous...), je ne connaissais pas PTV3, mais leur répertoire est dense, les solos endiablés du guitariste alternent avec les performances vocales et scéniques de P.Orridge qui maîtrise complètement son art de balancer froidement ses chansons. En complément, des vidéos sont projetées en arrière plan, des vidéos psychédéliques bien sûr, mais aussi un clip étrange où P.Orridge est entouré de mannequins sortant de lifting, toutes enrubannées de la tête, des momies gravures de mode en quelque sorte... On s’habitue assez vite à la construction des morceaux, plus P.Orridge chante lentement et calmement plus notre coeur s’emballe quand la guitare démarre la distortion et que P.Orridge libère son grain de voix d’outre monde. Un mélange habile de mélancolie, et de rage, dans un cataclysme psyché vous arrachant les tripes.



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