Bien loin de l’euphorie de Villette Sonique de la veille, ce lundi 1er juin est bien morne au Nouveau Casino... La poignée de personnes présente à l’ouverture est éparpillée dans la salle, j’écris ces quelques lignes dans le sas fumeur avec cette odeur de tabac froid de lendemain de fête. Le concert de The Miserable Rich démarre, ça ressemble à un concert privé mais James De Malplaquet, frontman rentre sur scène comme un cousin éloigné revenant d’un long voyage, impatient de nous compter ses aventures. Pour l’accompagner sur scène, un quartet de cordes sensibles, violon, violoncelle, contrebasse et guitare tissant un décor de film dramatique, la voix du chanteur apporte le romantisme à des textes intelligents s’inspirant des drames de la vie, les chœurs nous font chavirer, graves et puissants, soulevant comme une lame de fond la mélancolie qui découle des chansons. Si vous avez vu Tarnation de Johnatan Caouette, ce type de chansons se prête complètement à ce type d’images et de narration, mais The Miserable Rich est plus enjoué qu’ Iron & Wine, un regard lucide sur la dépression qui n’est pas plombant. Sur the time that’s mine, une comptine décomptant les jours, le chanteur souriant marquera une jolie pause avant de reprendre le refrain, légère brise dans l’air. Son français est parfait, introduisant chaque chanson, celle sur sa mère s’intitule Boat Song, touchante, sa voix se fait plus fragile, la mélodie gorgée de reconnaissance et d’amour est convaincante. La reprise de Hot Chip "over and over", que l’on trouve un peu partout sur le web, est une réussite, elle fera l’unanimité et la surprise de cette mise en bouche, si vous vous inscrivez à leur mailing list, vous recevrez d’autres reprises du groupe, ça vaut son pesant de cacahuètes... Quand il nous présente un morceau qui parle de drogues, il pense déjà à celui qui suivra sur l’alcoolisme avec un sourire narquois de dandy, une musique solitaire... Pour jouer les ivrognes, il n’ a pas besoin de se forcer, en voix de tête, il tient la note, Pisshead est une réussite, on ne peut pas se lasser de cette chanson, cette drinking song est drôle, simple, minimaliste, dès l’intro, James nous déride avec son écriture drolatique : "je suis cuit comme un dodo...".
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