Ce n’est pas toute à fait une inconnue pour nous. Nous l’avions croisée sur le volume 13 de nos compilations. A l’époque elle officiait sous le nom de Tazio & Boy. Elle c’est Caroline Gabard, elle est Boy. Elle est au chant, elle est sur son piano, s’influençant des devoirs de jeunesses (Satie) ou des coups de poings d’adultes (Cat Power). Effectivement c’est à la nuit tombée que cette musique apparaît. Quand les animaux de nuit vont travailler leurs cordes vocales, quand le noir est l’ennemi de la couleur, quand la Lune sait se faire pleine pour nous guider quand nos pas, même de géant ne peuvent nous mener que dans l’inconnu. Cette nuit, la musique de Boy & The Echo Choir sait la capter, la transcrire en notes sans tomber dans des abimes de désespoir, car la nuit sait aussi se faire joyeuse.
Comme des petits contes que l’on raconterait à des enfants sages et assez grands pour accepter les lois naturelles, les chansons de Caroline savent se faire intrigantes, mais assez attachantes pour nous amener vers la nuit et sa solitude des yeux fermés en toute quiétude. Sur la table de nuit un bougeoir et sa bougie d’une autre âge, qui sait se consumer et se régénérer à la fois. Le parquer sur lequel le lit repose, vibre, comme si il était relié aux cordes du piano. La nuit se fera froide, et il faudra chercher loin, comme dans « Naphtalene » le droit de sentir un feu, tout intérieur, se consumer.
Moins sinistre que Soap & Skin, « And The night Arrives In On Gigantic Step » n’est pas pour autant un disque à s’offrir pour des nuits sans tempête. Il n’est pas la luciole musicale que l’on poserait sur la table de nuit, quand les monstres des songes viendront nous chatouiller. Univers clos mais aussi onirique, le petit monde de Boy & The Echo Choir ravira les adorateurs de la nuit plutôt que les nostalgiques du jour, offrira au sommeil du soleil, des atours nouveaux, brillants, presque enfantins, menant vers l’obscurité de façon plaisante. Un disque venant de la nuit pour des gens qui vivent mal le jour. Sublime.