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C’est une malédiction qui m’a poursuivi sur ce disque. Est ce le fait de coller dans la même phrase jouer de la musique et funérailles, mais j’ai perdu trois fois la chronique que j’étais en train décrire. Certains diront que c’était l’occasion pour moi de tourner ma langue dans ma bouche, ou plutôt là de balader mes doigts sur le clavier, mais cela m’a troublé. D’autant que ce disque m’a presque incité à prendre l’asile politique en Suisse, avant de me souvenir que pas mal de mes compatriotes pas fréquentables y étaient déjà. Car Peter Kernel doit être un groupe sympathique à croiser. Tout à la fois petit fils de Sonic Youth (Kim Gordon plane sur « He’s Heartattack ») fils des Pixies (« Videotapes In Dubaï » reprend les choses là où Black Francis les a laissées) beau frère de Swell (Radio Cowboy) et cousin de Blonde Redhead, le Trio porte dans ses gênes une rythmique martiale venue de l’électronique, pierre angulaire de la musique nous arrivant de Suisse.

Si au départ la musique de Peter Kernel ne devait exister que pour illustrer un film expérimental, des sons ce sont imposés, permettant au trio de se construire un univers jouant des dissonances tout en essayant de se confronter à une écriture pop. Pas un seul moment de faiblesse tout au long de ces onze titres, et si l’ombre de « Surfer Rosa » est plus qu’évidente, elle reste voilée. La danseuse espagnole aux seins nus n’est plus, elle a les traits de jeunes filles courtement vêtues, prenant une posture collant à cette musique. Jamais rêche, toujours tendu comme une robe moulante sur laquelle on tirerait comme un mort de faim, « How To Perfom For A Funeral » est un tremblement de terre qui pourrait faire changer les couleurs de la vache des chocolats Milka.

Je me dépêche de poster cette chronique avant qu’elle ne s’efface, avant que la terre ne tremble pour nous y engloutir…en voilà une belle conclusion.