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Il chante et joue de la guitare, elle joue de la batterie. C’est rêche comme du Rex (http://www.youtube.com/watch?v=ry2BlWaeD3Y), avec des résonances de reverb à ressorts. Et c’est beau. On entend chez Domino_e un tas de choses typiques, à commencer par un son de Jazzmaster reconnaissable entre mille. Lorsque la distorsion de l’ampli (Fender lui aussi) est associée à une rythmique martelée avec entêtement sur une cymbale ride, cette image d’Épinal renvoie indubitablement à un endroit précis : l’esthétique rock indé des années 1990. Aucun doute, chez Domino_e (dont on pourrait parier sans grand risque que le nom est une référence au moins inconsciente au label fétiche de ces Français anglophones), vous êtes ici. Et c’est assumé avec une telle ferveur qu’on leur pardonne leur fétichisme sans réfléchir. A ses débuts, Cass Mc Combs (http://www.youtube.com/watch?v=e1yhG1zF5p0) appliquait une formule similaire : la guitare, la batterie, le chant, la réverb. La chanson. Tout le reste (l’atmosphère, l’émotion contenue, le chaud paradoxal) découlait de manière naturelle de ce précepte monacal. C’est bien sûr à une version minimale de Sonic Youth que l’on pense le plus souvent, à l’écoute des chansons de Domino_e (dont trois sont en écoute ici : http://www.woodenhome.fr/?page_id=40). Musique américaine dans l’âme, même si on pourrait y chercher parfois du early Joy Division, et en trouver. Dans un disque aussi volontairement austère, l’arrivée d’un glockenspiel sonne comme un orchestre ; l’absence de batterie comme une audace, la guitare acoustique et les percussions comme des trous dans la banquise, où l’on remonte d’ailleurs respirer en toute sérénité : pas de danger, pas de prédateur de l’autre côté de la glace, dans cet album. On est en terrain connu, et même s’il y fait un peu froid, c’est rassurant. Seuls deux morceaux de l’album penchent très légèrement du côté des défauts inhérents aux qualités de Domino_e : structures un peu attendues, accents toniques pas toujours respectés hyper à la lettre (mais la voix de David est agréablement sobre, préoccupée sans être faussement habitée), manque de fréquences basses. Mais le chanteur/guitariste et la batteuse savent ne pas s’y complaire. Ils maîtrisent l’art des durées (jamais trop), ce qui manque occasionnellement aux plus grands d’entre tous, Yo la Tengo, même aujourd’hui, quand ils s’écoutent un peu trop. Ce n’est jamais le cas de Domino_e, et c’est en soi une qualité des plus nobles.




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