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Le pied qui tapote, les mains dans les poches, l’air libre et insouciant de celui qui n’a ni passé, ni avenir. Un léger sourire aux lèvres, mi-narquois, mi-heureux. Un air doux qui traverse le corps de bas en haut. L’esprit qui s’abandonne, le pied qui s’agite plus vivement maintenant. Le corps se met en branle doucement. Un pas nonchalant, jamais pressé, un pas devant l’autre, comme une mécanique bien huilée. Je chantonne « Just for you » le cœur grand ouvert.

Une musique qui s’écrit et se dit simplement. Cette simplicité, c’est ce qu’on cherche tous ! L’évidence en deux minutes. Tarir le bavardage ! Se dire que tout est dit, qu’on n’a rien de plus à dire et qu’il est naturel de s’arrêter là. Le tout gravé sur quatre pistes. Alors bien sûr on pense à tous ces artisans sonores du bricolage lo-fi des annnées 90 que sont Daniel Johnston, Lou Barlow, Stephen Malkmus ou les Supreme Dicks. On pense à eux, mais on les oublie bien vite, tant on est immiscé ailleurs, dans une couche supérieure de l’intime, tapi sous l’épiderme.

Celui de James McNew, bassiste de Yo La Tengo, et de son projet personnel, Dump, dont Morr Music réédite le premier album, vingt ans après sa sortie originale chez Brinkman Records. Cette réédition, remastérisée et augmentée du premier ep, sorti en 1992 et de quelques raretés, dépoussière ces morceaux tombés dans l’oubli faute de réédition depuis bien sûr, mais faute aussi à l’autre groupe qui a capté toute la lumière depuis, un groupe à la carrière gracieuse, à qui l’on ne peut quasiment rien reprocher. Paradoxalement, c’est aussi cette longévité exceptionnelle dans l’excellence du groupe d’Hoboken qui permet aujourd’hui cette réédition. On comprend mieux aussi maintenant pourquoi McNew, de bassiste recruté sur une tournée, est devenu un membre à part entière du trio que forme depuis plus de vingt ans maintenant Yo La Tengo. On retrouve en effet chez lui et dans ses enregistrements de jeunesse tout ce que l’on aime chez Yo La Tengo, le bas-côté touche-à-tout, le talent mélodique qui fait la beauté rêche des compositions, le goût immodéré pour les reprises et cette modestie qui rend cette musique si intense et si proche de nos intériorités.

Cette réédition s’accompagne, de celle du deuxième album de Dump, I can hear music, toujours chez Morr Music.




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