Jusque-là rien à redire sur la discographie des CunnyLynguists, lesquels ont réussi, en deux albums et autant de classiques, à construire un hip-hop " made in south " aussi intelligent, drôle et émouvant qu’un bon vieux hit de chez Hi records. Jusque-là non plus il n’y avait rien à redire des productions de Kno, lequel en bon artisan horloger confectionnait des mécanismes d’orfèvre, élaborés à partir de mouvements rythmiques d’une exactitude infaillible, le tout monté au sein d’écrins mélodiques de premier choix, proposant ainsi une véritable alternative aux exubérances classieuses de la Dungen Family et aux productions rentre-dedans de la manufacture de crunk Lil Jon&Co. Seulement voilà, notre petite firme sudiste, coincée entre la Georgie et le Kentucky, a très largement bâclé sa dernière collection et ceci principalement en raison d’une mauvaise gestion des fructueux bénéfices pourtant gagnés dans l’acharnement et la douleur. Toute renommée même légitime s’accompagne en effet bien souvent d’effets indésirables et, dans le cas des Cunnylinguists, ceux-ci ont été principalement d’ordre léthargique. Endormis sur leurs profits, Kno et Deacon n’ont pas su réinvestir leurs forces dans la recherche et le développement de produits novateurs, croyant sans doute que la pérennité de leur petite entreprise pouvait se passer de tout placement risqué et uniquement se fonder sur les bases encore fragiles d’une réputation nouvellement acquise. Certes le catalogue n’est pas de mauvais goût et quelques modèles ici ou là parviennent encore à attirer notre attention. Page 11 notamment, la création The Gates peut même être qualifiée d’authentique merveille hypnotique, il est vrai, portée magistralement par un invité de marque, Tonedeff en l’occurrence, toujours aussi parfaitement apprêté. Mais saisie dans son ensemble et malgré un savoir-faire indéniable, la collection 2006, trop longue, trop égale, manque l’essentiel : l’originalité et l’audace.