La Caution, ou la bonne surprise du hip hop français en cette fin d’année 2005. Une nouvelle fois, les deux frères qui forment le groupe réussissent à nous surprendre, avec un double album à l’intitulé énigmatique, presque poétique : " Peines de maures / Arc-en-ciel pour daltoniens ". On en avait entendu parler il y a quelque temps, lorsqu’un des titres de ce disque alors en préparation avait été retenu pour figurer sur la B.O de Ocean’s twelve. Nos deux rappeurs de Noisy-le-Sec étaient alors repérés par le tout Hollywood…le temps d’un morceau. Anecdotes mises à part, revenons à ce qui fait l’intérêt de ce nouveau disque : l’originalité dont fait ici preuve La Caution. Leur " inclassabilité ", si je voulais inventer un nouveau mot. Tantôt considérés comme groupe abstract (vous savez, c’est le nom qu’on donne à ceux qui sortent des sentiers battus du hip hop), tantôt perçus comme un relent de la grande époque du rap français, La Caution n’a en tout cas pas raté son retour sur le devant de la scène en cette fin 2005. Sans doute parce que les deux disques qu’on nous propose ici sont clairement différenciés dans leur style. Le premier, " Peines de Maures ", est une production somme toute assez classique, incluant même plusieurs morceaux dont on se serait bien passés, tant le rythme et les textes y sont limités. Et puis, il y a l’autre disque : " Arc-en-ciel pour daltoniens ". La " face B ", pourrait-on dire, car quelque part, ça a l’allure d’un bonus qui nous est gracieusement offert. Là, on est perdus. C’est que ça tire de partout. On ne sait plus où donner de la tête. Un seul mot pour qualifier cette production : expérimentale. Des samples venus d’ailleurs. Des textes décalés. Des morceaux efficaces : rien de trop, juste ce qu’il faut pour convaincre. Un contre-pied permanent. Bref, un brouillage de pistes garanti. L’éclectisme sous son plus bel apparat. C’est sans doute ce que le groupe cherchait à faire passer. Eh bien c’est réussi. L’inclassabilité, je vous disais.