"- Salut les gars, vous faîtes quoi comme sique, enfin c’est quoi comme style ?"
bah, euh, en fait, c’est d’la pop quoi !!!"
Résumé d’un échange qui dura un certain moment avec les deux types de Your Happy End, venus donner un concert à Metz, à La Chaouée plus précisément.
J’étais là par hasard. Et comme je vous le dis parfois, le hasard est un merveilleux magicien. Ma femme était à ce moment bénévole dans le lieu, j’étais donc là en accompagnateur, pas du tout ouvert à ce qui se passait. Le concert commence, je reste en haut, écoutant d’une oreille flegmatique, dispensant des commentaires de blasés : "z’ont un bon son quand même hein ?". Et puis je me dis qu’il serait bienvenu d’aller voir, sait-on jamais. Mais les escaliers sont escarpés, allez on reprend une bière, je surveille un peu les mecs qui se pointent au comptoir, dispense des commentaires dispensables "ouais c’est bien fait". Et puis le comptoir vide, ma petite Leeloo m’entraîne en bas, en me disant "autant allez voir".
Des fois les yeux font le travail que les oreilles ne sont pas disposées à faire. Voici la suite de l’histoire, le retournement de situation, la chute, the end. Je me demande souvent quelle est la différence entre un concert et un show...Et bien en voici une : Your Happy End.
Prend ta claque, mange ta rafale, je n’ai jamais vu ça. Tornade scénique, deux types hystériques dont un complètement malade (oui le même qui était tout calme juste avant et juste après) ! La scène (quelques mètres carrés) semble s’élargir, ils sont partout, y’a du matos dans tous les coins, ça bouge à fond et pourtant tout est exécuté à la milliseconde. Là les oreilles s’ouvrent à fond, je m’aperçois de la richesse de leur musique, sa technicité, mais au delà de tout ce groove de fou ! "Hé c’est mes fesses qui bougent ? ouah j’m’en étais pas rendu compte".
Le concert se termine un peu de la sorte :
"- mais putain vous êtes des malades, c’était GENIAL !!! Vous revenez quand ? J’aurais pas dit, ça me semblait cool, mais là c’est ENORME !
ah merci c’est gentil, ben on revient bientôt hein, on boit un jus de fruit ?"
S’ensuit une discussion autour de leur ep, je veux bien le chroniquer mais j’ai peur, une expérience live finit rarement en essai transformé une fois passé par le prisme refroidissant de l’enregistrement. Et bien pas de crainte, à l’heure actuelle je me félicite d’écrire cette chronique le matin, car si je l’avais fait le soir j’étais bon pour une nuit blanche. Energie de fou, Your Happy End est un groupe rock (distinction : pas de rock !) de pop sur scène.
Leur musique c’est de la pop, dans le sens large du terme, disons celui d’une musique qui colle au meilleur de son temps. Donc des refrains ultra catchy, des touches electro, en fait une sorte de melting pot de musiques actuelles (dans le vrai sens du terme) mené avec un talent frisant l’insolence. Ce qui est fou, c’est de se dire que ce qu’on entend en disque se retrouve en live. En gros, ce n’est pas de la branlette de studio, marre de ces types qui enregistrent 56 pistes et viennent seuls avec une gratte sèche ou un looper alors qu’on entend un groupe. Non, Your Happy End studio et live, même musique, seul change ce qui doit changer en live : la présence.
En 4 morceaux, on est pris par l’envie de bouger, d’écouter, de sauter, de s’asseoir pour apprécier, de sauter à nouveau. L’énergie et la mélodie avancent main dans la main pour une écriture efficace, accrocheuse, d’une qualité et d’une inventivité à faire envie. Dans tout ça il y a le chant, hallucinant ! Cumulant les casquettes sans s’encombrer, les compères de Your Happy End soignent leurs morceaux en leur donnant des aspects divers, notamment un côté urbain, turbulent.
Quatre tubes aux refrains irrésistibles, à la composition parfaitement équilibrée et ç la production implacable. Je m’emballe d’autant plus qu’au départ j’étais flegmatique. "Pistock" parlera à ma place avec son évolution en puissance digne d’un groupe à cinq têtes ! "So black" est enfiévré, le mélange des voix est excellent et leur placement simplement parfait.
Et puis vient le groove de "Night of the bleeding pets 2"...qu’est-ce que je peux faire contre ça ? L’envoyer à Prince et lui dire de se mettre son sex symbol là où GDO pense ? Ramener du foin aux poneys nantais et leur conseiller de rester à l’étable une bonne fois pour toute ?
"Unfair" nous laisse déjà, alors qu’on s’amusait bien nous ! Bon en tout cas ce quatre titres ouvre l’appétit comme il faut ! Ce morceau, plus lent et plus noir nous ouvre une autre porte de leur maison aux mille recoins.
Vous avez remarqué, j’ai évité de citer des références. Ben oui, là ça tournerait au grand bazar tant Your Happy End fait siens des ingrédients ultra disparates, les ingère, les mélange, expérimente les formules et en sort un cocktail pétillant et coloré qui mettra le feu à leurs concerts. Bravo vous avez tout compris !
Leurs partenaires Ulysse Productions et La Papa’s Production ne s’y sont pas trompés : ce troisième disque est comme une ultime confirmation.