> Critiques > Labellisés



C’est l’histoire d’un ange démoniaque que nous pensions increvable. D’un mec tellement intègre que n’ayant jamais renié le choix d’une existence placée sous les extrêmes. L’histoire d’un romantique, d’un « prince en exil » (comme était qualifié le Motorcycle Boy de « Rumble Fish », l’un de ses films préférés). Cet « illustre chevalier tout de noir », ce « grand monsieur poète déjanté » nous aura finalement quitté en février dernier, dans la stupeur et la tristesse générale.

En prélude à un nouvel album, c’est donc à Daniel Darc que Matthieu Malon choisi de rendre hommage le temps d’un EP deux titres aussi poignant qu’efficace. « 28.2.2013 », en face A, évoque avec simplicité et humilité la rue Keller, les lieux du XIe « les plus sombres, les plus moites », les personnes que Daniel Rozoum serrait contre son cœur lorsqu’il en devinait la nécessité, les mots et la voix éternels de cette élégance « au dos courbé ». Jusqu’à ce refrain qui prend aux tripes : « je te garde dans mon cœur / pour toujours tu y resteras / je te garde dans mon cœur / peut-être qu’un jour on se reverra ». Là où il se trouve actuellement, en grand sensible qu’il était, Daniel Darc doit probablement verser une larme de bonheur. En face B, Matthieu Malon reprend « Les Jours Sont Bien Trop Longs » (sur le single « Paris » de Taxi Girl) dans le cadre d’un live donné en octobre 2000 au festival des Rockomotives de Vendôme. Une reprise aussi rock qu’électro, à l’image de Taxi Girl, le plus grand groupe français de…

Deux titres crève-cœur, deux titres hommages. « Elégiaque ! » se serait peut-être exclamé Daniel Darc à l’écoute des dernières compositions de Matthieu Malon… L’ensemble se trouve ici : http://matthieumalon.bandcamp.com/album/2822013

Anecdote personnelle : une après-midi, en 2000, en compagnie de Daniel Darc (rencontré quelques mois auparavant dans le cadre d’une interview pour un fanzine oublié, ce qui solda notre amitié). Comme toujours, lorsque nous n’écumons pas les boites de tatouages ou les étalages de couteaux, nous passons, avec Daniel, nos journées à boire des bières et à discuter, inlassablement, sans fin, dans son appartement bordélique (principaux sujets abordés : les filles, les amours déçus, les regrets sentimentaux). Ce jour-là, en pleine conversation, Daniel se lève soudainement et me dit : « j’ai un disque pour toi, c’est génial, tu vas adorer, je te le donne » (oui, Daniel passait son temps à offrir des livres et des disques). Le disque ? « Froids ». L’artiste ? Matthieu Malon (que je ne connaissais alors que de nom). La boucle est bouclée.