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Pochette noire, autotune sur chaque voix, absence de photos et de titre, chansons qui n’en sont pas vraiment : décidément, les mancuniens de No Ceremony /// ne veulent toujours pas dévoiler leurs secrets. Du reste, voilà précisément ce qui nous toucha, l’année dernière, lorsque nous souscrivîmes à leur news letter : une musique incertaine, mélancolique mais au propos flou, une forme de dance post-punk rejoignant parfois les travaux de Johnny Jewel ou de Section 25, une musique sans pose ni exagération dark. Depuis, le groupe, généreux, nous envoyât quelque-chose comme six ou sept morceaux à télécharger gratuitement (dont un chef-d’œuvre : « Heartbreaker », que nous retrouvons sur ce premier album). Nous n’attendions cependant rien d’exceptionnel de No Ceremony / / / sinon quelques nouvelles chansons tristes à s’infuser durant les soirées cafardeuses. De ce point de vue-là, cet album ne prend guère en traitre : neuf titres, trente-deux minutes, une continuité dans le spleen électronique (et, last but not least, Joey Santiago – oui, le vrai – en featuring).

No Ceremony /// n’invente certes rien mais compose avec une évidente honnêteté. Car si ce premier album se révèle malgré tout légèrement décevant (il y a ici la sensation de naviguer en territoires trop familiers), son charme est tout à fait opérant. Moins décisif que Chromatics (le meilleur groupe du moment) mais bien plus fascinant que les surestimés The XX, No Ceremony /// réussit à bâtir un neuf titres cohérent, à la fois tout aussi épuré que modestement ambitieux. Voici qui finalement révèle les qualités comme les faiblesses de ce groupe que nous garderons néanmoins en amis fidèle : piano, guitares et rythmiques électroniques dévoilent un talent certain pour construire des architectures tendance Gothique (pas le mouvement musical, hein, mais bel et bien la période architecturale) ; en même temps, l’auditeur ressent chez No Ceremony /// des possibilités bien plus larges, une capacité d’écrire des chansons encore plus ambitieuses que celles (pourtant toutes très belles) proposées aujourd’hui sur ce premier effort. Par exemple, un titre tel que « Hurtlove » détient une religiosité qu’il serait bon de creuser ; de même que « Heartbreaker » affirme ouvertement que cette formation est capable de composer des moments d’éternité…

Imparfait, l’album de No Ceremony /// (qui ressemble par ailleurs bien plus à une compilation qu’à un album) restera néanmoins un disque que nous allons chérir ad vitam aeternam. Cela car nous allons le ranger dans notre sélection « grands petits groupes » (autrement-dit, la plus importante des sélections). Souvent, en effet, un « petit groupe » provoque bien plus d’émotions, de vécu et de ressentis qu’une formation unanimement acclamée. Des Wolfhounds à James, des Field Mice à The Orchids, de Detachments à Blouse, les soi-disant groupes mineurs (car fonctionnant à l’intimité) ont bien plus compté dans nos vies que les « grands groupes » proclamés. Voici également pourquoi nous n’échangerons jamais No Ceremony /// contre Arcade Fire ou MGMT…




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