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La bio est brève, directe, un rien provocante, elle se limite à ces quelques mots « Mark Hollis with Nick Cave’s balls. ». Plus pour épaissir le mystère, garder les questions pour mieux jouer avec les réponses, Aetherlone ne nous donne rien, enfin devrais je dire qu’ils nous donnent tout via cette musique. En vieux brisquard de la chronique musicale, et principalement de la musique souterraine d ‘ici, les uppercuts ne sont pas si légion que cela, ceux qui vous poussent à continuer, ceux qui sauront marquer de leurs empreintes votre petite histoire avec leurs grandes chansons. Aetherlone n’est pas prêt de quitter ma mémoire musicale, cette écoute bouleversée, là dans mon lit, la nuit déjà tombée, le repos à ma porte, mais la porte que je vais claquer grâce au souffle incroyable de ce disque qui va déranger toutes mes prévisions futures en matière de musique. Et si je tenais enfin le disque que je cherchais, cet alliage parfait entre des mélodies imparables, des atmosphères me plongeant dans des abimes émotionnels, une tension sans cesse maitrisée à la limite de la rupture, et Des arrangements somptueux, que le maitre de Talk Talk ne dénigrerait pas (une écoute du morceau de fin, le très beau « Hi Dead Folks ! » pour vous convaincre à jamais).

Jouant des teintes et des textures comme sur « Fly/Drive » où la guitare tranchante rentre dans un fourreau tout aussi élégiaque que froid, Aetherlone brouille les pistes à chaque secondes sans jamais nous faire perdre le fil de ses histoires, de ces chansons comme un roman grand ouvert sur un monde presque vierge. Vous n’aviez pas encore voyagé ainsi, en prenant le risque de perdre la maitrise de vos sentiments, de vos attitudes face à la puissance. Vous n’avez jamais pleuré en entendant un banjo arrivé à la fin d’un morceau, et bien venez écouter « Mountain Tops / Avalanches », le fantôme d’une PJ Harvey juvénile y rode.

Avec une justesse qui n’a d’égale que la beauté que le disque dégage, des titres comme « The Unemployed Soulhunter » provoque un choc épidermique qui ne trouvera jamais de traduction dans les mots, sous peine de trahir des apogées émotionnelles que la vie aime à nous donner quand elle bouscule les piliers sur lesquels nous nous reposons.

Le groupe ne ment jamais, sans quand il parle de « Not a Dance », car notre corps suivra avec grâce et patience les notes de cette ballade hanté par Grandaddy. Tout le contraire de l’épilepsie, Aetherlone invente une danse qui minéralise encore plus notre corps.

Le groupe a aussi de la culture et de la mémoire, celle collective. Un titre comme « Sunshine #2 » s’invite sur les plus grandes pistes d’une folk musique qui irait chercher sa source dans les recoins du soufflet d’un bandonéon. Les nœuds dans le ventre grossi, la poche de larmes n’est plus qu’un lointain souvenir, je tombe comme un guerrier sans armes face à la beauté que le disque nous offre. La messe est dite, ce disque restera, les portes sont grandes ouvertes, les orgues sont au diapason « Here & Now », la lutte entre le bien et le mal juste une question de survie, oui juste avec un petit J, car le bien ou le mal, quand bien même, la beauté est aussi une affaire de malheur, de danger. A en devenir croyant, à dépasser ses barrières, à se consumer de l’intérieur sans que cela éveille le moindre soupçon, la moindre inquiétude chez vos proches. Comme si le hasard qui a sagement décomposé votre vie en fragments, décide face à votre patience, de vous offrir la réponse de ce puzzle.

J’en bégaie, j’en chiale, j’en tremble, j’en creve de ne pouvoir vous traduire. Ceci n’est pas un hasard, ni un mystère, c’est le rendez vous. Sous le choc.




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