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Faire un top honnête et pertinent semble supposer plusieurs qualités que je suis loin d’avoir : pouvoir écouter tout ce qui sort dans l’année, et savoir hiérarchiser. Mon top n’est pas de cette trempe-là, mais rassurons-nous, aucun autre ne l’est. Il est partial, partiel, et n’a pour but que de donner un petit faisceau de lumière supplémentaire sur les disques qui ont jalonné mon année.

1/ BLACKTHREAD "separating day & night"

Projet solo du lyonnais Pierre-Georges Desenfant, ex- OneSecondRiot - Voix parlée sur des ambiances électroniques lourdes et menaçantes. Rampant, fascinant et magnétique.

2/ MINIZZA "A rebours"

Adaptation par un collectif de musiciens du roman de Huysmans. Ambiances proches d’une certaine musique électroacoustique actuelle, augmentée d’instruments acoustiques. Grande richesse des timbres et des ambiances, et triple niveau d’écoute : l’ensemble, la musique, l’histoire. Pari risqué, mais totalement réussi.

3/ MY TIGER SIDE "1"

Une face d’improvisations aériennes à la guitare, une face consacré à une messe pour une amie disparue reposant sur l’osmose entre guitares électriques et orgue : lumière et ombre qui alternent, pour un disque instrumental d’une grande humanité.

4 / MOINHO "Baltika reissue"

Le plus beau disque de piano solo de ces dernières années, trop peu remarqué. Ressorti fin 2013 chez Arbouse Recordings. Ne passons plus à coté.

5/ CHINESE ARMY "runaways"

Economie de moyens (une guitare, un orgue, des séquences rythmiques) et des chansons, des vraies. Une esthétique aux ombres marquées, quelque part entre "la nuit du chasseur" et un rock new-yorkais mâtiné de l’atmosphère poisseuse du bayou. Une sacrée découverte.

6/ BONNIE PRINCE BILLY "st"

La pertinence de la formule guitare folk + voix ne sera jamais périmée. Quand c’est un maître du genre qui s’y colle, tout en fragilité, humanité et modestie, c’est tout simplement magnifique.

7/ DAVID KOLLAR "The son"

La vie parfois nous joue de vilains tours, mais l’angoisse, l’attente, l’incertitude peuvent aussi être le moteur de la création. C’est le cas de cet album, réduction de nombreuses heures d’improvisations réalisées à la guitare par David Kollar durant de longues journées d’attente. Un disque sombre et sobre, par moments lumineux, empreint d’une grande retenue.

8/ AWHAT ? "demo 2013"

Une démo dans un top ? Oui, quand un groupe arrive à mêler Talking Heads période ’Fear of Music", Gun Club, Sonic Youth et Bästard tout en variant les atmosphères à chaque morceau. Quatre musiciens, dont trois chanteurs pertinents, qui dit mieux ?

9/ CHELSEA WOLFE "Pain is beauty"

Chelsea Wolfe bouscule toutes les barrières, et en premier lieu celle qui s’est érigée toute seule dans l’esprit de beaucoup entre les musiques acceptables d’obédience pop et rock, et le metal. Une vraie décloisonneuse, doublée d’une musicienne de talent.

10/ MONA KAZU "other voices in safety places"

Trio navigant entre indierock, pop-electro, ambient et folklores sans délimitations d’origine, Mona Kazu tisse un patchwork personnel tout à long des 11 titres de cet album. Le groupe sait se faire tour à tour caressant, cassant ou étouffant, surprenant son monde à chaque nouvelle plage.

11 / BILL FRISELL "Big Sur" / "silent comedy"

Bill Frisell poursuit depuis une petite dizaine d’année l’exploration d’une americana qui lui est paradoxalement toute personnelle. "Big Sur" en est la dernière incarnation, toute en légèreté, basé sur une formule guitare/batterie/trio de cordes qui lui permet de jouer avec ET sans section rythmique à la fois. "Silent comedy" est la face cachée de l’astre Frisell : expérimental, torturé, un recueil d’improvisations basé sur les textures et les traitements du son de sa guitare. Son "zero tolerance for silence".

12 / BRUNO FLEUTELOT "Ozo Viv"

Une autre réédition, cette fois-ci d’un disque que je ne connaissais pas, oeuvre de l’un des deux membres d’Oboken. De l’ambient glacé et granitique qui tire son inspiration de la géographe lunaire, et multiplie les images.

13/ SILENCIO "the politics of lonely"

Post-rock cotonneux, chaleureux et aux teintes pastel, à l’image de la couverture du disque. Un album accueillant et attachant, complice de moments apaisés, vers lequel il fait bon revenir, comme l’on revient vers "Hex" de Bark Psychosis ou le "warm and cool" de Tom Verlaine.

14/ HARPAGES "au moment"

Les frère Harpagès tracent leur sillon depuis quelques années, sous leur nom comme avec L’Objet. "Au moment" raconte en 6 volets instrumentaux monochromes particulièrement réussis et évocateurs, la vie dans le monde d’après notre monde.

15/ ORLY "Come on player one"

Pas de nouvelles d’Orly depuis l’excellent "Matériau", sorti il y a plus de 15 ans et qui marquait les débuts de cette scène française qui parle plus qu’elle ne chante. "Come on player one" est apparu sur Soundcloud en 2013, n’est pas sorti, et c’est bien dommage car c’est un album absolument excellent.



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