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  • 30 janvier 2014 /
    Le Prince Miiaou
    ““where is the queen ?” “who is asking ?” “I can not tell” “she’s gone” “gone where ?“ “just gone...“” (Autoproduction )

    rédigé par FLK
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On entre dans un album du Prince Miiaou sans savoir vraiment comment on va en ressortir. Le titre énigmatique à rallonge n’est pas là pour nous rassurer. Le labyrinthe ne fait que commencer.

Ses méandres nous mènent dès son entrée au trouble : "Happy song for empty people" ou l’art de brouiller les pistes par un titre équivoque et une pièce sombre ; ces gens vides ne nous inspirent qu’assez peu confiance. Mais il va falloir nous y faire, cet album est un parcours singulier dans l’esprit tortueux de Maud-Élisa qui ne cherche qu’à nous emmener très précisément où elle le veut, et y parvient sans peine. Détours dans un monde plein de fantômes aux voix surréelles, où des parois réfléchissent d’étranges sonorités tout au long du chemin. On suit le fil tendu au milieu des changements d’ambiances tel un funambule à l’équilibre assuré : pas de chute du haut d’une rythmique imposante ("JFK", "Happy song for empty people"), pas d’hésitation pour avancer vers un inconnu fantasmé ("Alaska"), pas de tremblement au moment de tracer une voie/voix vers les cieux (ou les ténèbres, c’est selon).

Cet album oscille sans cesse entre tension et relâchement, mystère et lumière, souvent au sein d’un même morceau... sans oublier un brin d’humour (le message téléphonique sur "Eleanore" notamment) dénotant la volonté de ne tout de même pas se prendre trop au sérieux. On s’immerge dans les étranges voix pitchées de "Bro", "Hulrik" (effet qui n’est pas sans rappeler la voix de Björk dans le remix de "Possibly maybe" sur Telegram), "JFK", les claviers analogiques sur "Crystal haze", "Country bliss" "Hulrik", les chœurs scandés d’"Alaska", les guitares étranges et finalement imparables de "Country bliss" et de l’entêtant - et excellent - "Beloved knife". Les pistes sont à la fois brouillées et maîtrisées, on peine à limiter cette musique à un style bien défini tant l’ouverture est de mise, tant les limites sont inexistantes, tant la cohérence est évidente.

On me dit que j’ai à peine évoqué la voix... Que dire si ce n’est qu’elle charrie plus que jamais des vagues d’émotions contrastées qu’il nous faut suivre, comme hypnotisés.

Maud-Élisa démontre ainsi - et encore plus qu’à l’accoutumée - son habileté à manier les ambiances, les sons, les épaisseurs, les effets ; le chemin se trace entre dépouillement et abondance, entre apparente simplicité des rythmes et complexité des sonorités. On ne sait peut-être pas où est partie la reine, mais on sait que son prince a trouvé une belle formule pour nous garder près de lui.




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