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Il y eut ce moment, ce petit déclic, dans cette année 2009 où rien n’arrivait, et rien ne partait, il y eut un moment, dans cette inertie, où mes sens se sont ébranlés, où les nerfs se sont tant relâchés que plus aucune ligne est restée droite, où la respiration c’est tellement approfondie, que le monde est devenu beau, en quelque sorte. Sur ma chaine sonnait et résonnait, comme un leitmotiv le « little piece » de The Jezabels. Je n’aurais jamais cru avoir dans un futur la chance de faire une critique de ce groupe, en 2009, tout me paraissait lointain, c’était une année marron, une année de passage sans rien d’extraordinaire, et puis cette voix arracha les somnolences, déchira les vestes de plomb, et quelque part en 2009, le ciel s’offrit des lueurs, et les gestes se créèrent comme danses, l’inertie, un instant, un déclic, pas plus, tout changea, pour un moment.

2014, Janvier, les Janviers, c’est froid, insipides, ça ne donne rien, ça ne prends rien, les Janviers ne sont là que pour dessaouler les Décembres, pourtant ce Janvier a quelque chose de grand, quelque chose de brillant, ce Janvier porte Brink le nouvel opus des Jezabels, ce quatuor australien forgé dans les aciers des « Cocteau twins », « This mortal coil », « Cranes » ou encore « Mercury rev », frère des « Alpine », « Grimes », « My morning Jackets », a ce plus d’intimité, cette somptuosité grandiloquente, cette épique lumière, cette profonde émotion qui fait qu’un seul titre d’eux peut vous envoyer d’une steppe a un désert, du magma au ciel en un froissement de cordes vocales. Tout comme les autres groupes cités, tout comme pour London Gramar, la voix est primordiale, et elle de Hayley Mary est un parfum, une couleur unique, une force et une faiblesse, en somme, le plus beau des instruments de musique, rayant les joies et feulant les tristesses d’une chanson a l’autre, ordonnant les moments de grandeurs et les zones intérieures, les recueillements et les passions. Bien est il vrai que l’atmosphère si dense dans les premiers disques devient ici plus dure, plus sèche, et moins onirique, l’enrichissement est autre, plus musicien, plus terrien, plus humain. Si il n’y a plus ces étendues infinies et parfois expérimentales, on découvre un peu plus guerrier, des lieux plus cernés, la sagesse, la maturité un certain savoir faire et un contrôle des expressions de chaque émotion qui enrichit l’ensemble du travail, une richesse de mélodies, des trésors de petits détails sonore qui continuent a envouter un public amoureux des voyages extracorporels. Brink est à garder dans un écrin de velours rouge sang, et laisser s’échapper de ce coffre de relique vénérée de temps en temps ce sournoisement rageur « Psychothérapy », cet aiguisé « The end », ce lourd éclair de « All you need » ou ce fringuant dandy valsant « Look of love », élégant et luxueux petit passe temps auditifs à savourer comme nectar divin.




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