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L’année dernière, nous nous étions pris en pleine face le faramineux « Hanadasan » des bordelais Sol Hess and The Sympatik’s (le chanteur, Sol Hess, étant, lui, britannique). Sorte de cabaret sauvage oscillant entre Nick Cave et quelques rasades new-wave à faire tourner en boucle jusqu’à provoquer la furie des voisins, cet album jurait dans le paysage français : trop sophistiqué, trop mélomane, trop libre et insoumis. Les nombreuses écoutes suivantes ne cessèrent de confirmer le choc initial : pas une seule fois « Hanadasan » n’osa tendre vers une quelconque lassitude, vers ce moment (plutôt fréquent) où l’auditeur admet avoir fait le tour d’un album. Au contraire : aussi sérieuse qu’ironique, aussi précieuse que parfaitement détachée, la musique de Sol Hess and The Sympatik’s possédait trop de tonalités et d’ambiances homogènes pour un jour finir par lasser le fan acharné.

En vacance des Sympatik’s, Sol Hess s’est associé au musicien et auteur de BD Jérôme D’Aviau pour un projet au nom, heu, étrange : Docteur Culotte. On ne voit pas trop la signification d’un tel patronyme ; par contre, et il s’agit d’un euphémisme, la musique proposée par ces sept titres déclenche des émois comme on aimerait en rencontrer plus souvent. Au-delà de l’évidente alchimie unissant le duo, il faut reconnaître que Sol Hess possède un certain génie. L’album « Olga », dans un monde juste, devrait enchanter la terre entière : complainte western (« Elisabeth Taylor »), embardée punk-rock que l’on rêve d’entendre sur scène pour un faramineux pogo (« Silver Shiny Dress » et ses synthés très Laurent Sinclair), brûlot expédié en 1:36 (ravageur « Theodore »), aparté aussi sophistiqué qu’émouvant (« Intermission » : une rythmique foutrement efficace pactise avec des claviers nostalgiques ; tellement beau que trop court), dérive urbaine évoquant le Lou Reed de « New-York » (« Behind The Wooden Gate »), explosion comme un croisement salutaire entre Television et Taxi Girl (le spontané mais littéraire « Olga »), ballade à l’harmonica renvoyant le duo à ses amours smogiens ou coheniens (délicat « Skin »).

Sept chansons parfaites, sept mines d’or que la voix apaisante, lyrique mais proche de l’auditeur (croisement diabolique entre Tom Verlaine, Nick Cave et David Byrne) oblige à l’éternité. Oserais-je écrire le mot « chef-d’œuvre » ?




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