J’ai le syndrome Peter Pan, j’aimerai toujours être mioche, être baigné de cette folie douce où je mélange les joutes médiévales, les couleurs d’exotiques iles, les rythmes cardiaques comme rock’n’roll et les yeux dans les néons et câbles, dans des fêtes foraines de nulle part, orfévré de rêves aux imaginations infinies. Dans moi bouillonnent des pistes de cirque au burlesque puéril et incroyablement naïf, incroyablement freudien. Peter Pan, léger comme notes, bulles de savon volages, indomptés, volant au dessus des Seines, n’étant qu’esprit, esprit môme, esprit feu-follet. Alors quand ce syndrome gagne du terrain sur la sérénité, je me laisse aller du côté Sarah Mikovski, porté par des petits ruisseaux enfantins, quelque part entre Lyon et partout ailleurs. Le duo a l’art des conteurs africains et le charme velouté des chansons françaises, le long de la voix se plantent comme palmiers des sons électro aussi sensibles que humbles, tan surs de leurs effets en arrière sur les scènes qu’ils ne font qu’illuminer la mélodie, et dans ce monde onirique et pop passent les messages subliminaux de jours difficiles et guerre, des ironies, des petites bêtises pour décrire les grosses bêtises.

Car dans ce monde ou Wendy narre des contes a des enfants armés jusqu’aux dents, en proie a des manques d’amour, a des sentiments de petitesse, en mal d’être, être Peter Pan n’est pas toujours aussi élégant, ni joyeux, il y a dans Sarah une manière sarcastique et poétique de chanter, d’expliquer un micro-monde enfermé dans son ingénuité, sans vraiment fuir les maux du monde, sans vraiment les nier, mais en le prenant avec une sorte d’humour délicat, de sucre glace, et un sens inné de la musique sensible et peaufiné, où chaque note frôle l’autre dans un vol parfait d’enfants perdus au dessus des navires pirates, dans une production éclairée qui a su préserver les couleurs multiraciales et les sonorités d’une France douce heureuse. Quand Peter Pan perd son ombre, Sarah la retrouve au fond de paroles et musiques curieuses, et tout simplement, joliment audibles.