> Spéciales



« Lazare Mon Amour » est une lecture musicale écrite par la romancière et essayiste Gwenaëlle Aubry. Les mots plongent dans la vie et l’œuvre de Sylvia Plath ; mais, plus généralement, l’auteur s’interroge sur le rapport à l’écriture : écrire pour rendre à l’existence tout le malheur qu’elle nous fait subir, écrire par amour du prochain, écrire pour repousser les pulsions suicidaires… Gwenaëlle Aubry, dans l’amplitude des thèmes évoqués, replace également la figure de Sylvia Plath dans la société des années 50 ; c’est-à-dire une époque au cours de laquelle, écrasées par la dominance masculine, les poètes féminines se voyaient refuser leurs manuscrits et renvoyer à la désespérante logique des fourneaux domestiques. Des thèmes passionnants que le texte de Gwenaëlle Aubry, outre le vibrant hommage qu’il suscite à l’égard de Sylvia Plath, travaille jusqu’au plus près de l’émotion, entre le réalisme littéraire et les envolés poétiques.

Sur la scène de « La Maison de la Poésie », à Paris, les mots de Gwenaëlle Aubry ne pouvaient laisser insensible. Ce fut logiquement un torrent d’amour. Gwenaëlle Aubry (texte et voix), Theo Hakola (piano et chant), Léopoldine Hummel (voix), Bastien Lallemant (guitare et chant) et Maëva Le Berre (violoncelle) s’associaient afin d’offrir au public une telle harmonie que les larmes nous montaient souvent aux yeux. Entrecoupées d’inserts chansons (toutes magnifiques), les voix de Léopoldine et Gwenaëlle se répondaient, s’entrecoupaient, s’amusaient ensemble, pendant que l’accompagnement musical dessinait une ambiance cinématographique, une atmosphère chaleureuse et fascinante.

La voix de Léopoldine (décidemment, une artiste qui émeut dans tous les registres), sublimée par son tendre sourire, donnait de la douceur à certains épisodes lugubres de la vie de Sylvia Plath (les nombreuses tentatives de suicide jusqu’à l’acte définitif en 1963, la mort du père, le reproche à la mère, la psychiatrie). Majestueux, d’une élégance rare, Theo Hakola se joignait parfois au texte jusqu’à retrouver Léopoldine au chant pour l’un des moments clefs de la lecture musicale – toujours soutenu par la guitare cristalline de Bastien Lallemant et le violoncelle élégiaque de Maëva Le Berre.

Ceux qui connaissaient déjà les ouvrages de Sylvia Plath retrouvèrent, en direct, le foisonnement de son parcours ; les autres s’en allèrent avec l’évidente nécessité de lire la poésie de cette grande dame…



 chroniques


pas d'autres chroniques du même artiste.