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  • 15 mai 2015 /
    Pan Parag
    Titre par Titre de The Blind Photographer

    réalisée par Alex BBH

En plus d’avoir fait un très bel album, Pan Parag a la gentillesse de nous en parler, titre par titre, et de nous confier quelques unes de ses incroyables photos pour l’illustrer. Prenez votre respiration, on plonge.

Grand-Marais

Je souhaitais un morceau instrumental, simple, qui installe l’ambiance à venir, les sonorités. « Grand Marais », c’est le nom d’un lieu, en forêt, où je me rends de temps en temps. Là on se sent seul au monde, seul face à la beauté et l’hostilité de la forêt amazonienne. Je voulais retranscrire ce sentiment d’immobilisme, ce sentiment qui peut être inquiétant, cette vie qui fourmille de toute part, ces sons que l’on entend au plus profond de la nuit dans un milieu qui nous est totalement étranger.

Opera

2nd morceau composé, parti de 2 boucles de guitare tout à fait opposées. Morceau « légo », beaucoup d’assemblages un peu improbables, de télescopages, avec l’utilisation de la vois de Klaus Kinski (dans ce film monumental qu’est « Fitzcarraldo », réal : Werner Herzog) comme fil conducteur. « Opera » car le projet du personnage principale, Brian Sweeney Fitzgerald dit « Fitzcarraldo » est de construire un opéra en plein cœur de la jungle amazonienne. Au début du morceau, on peut l’entendre hurler du sommet d’une église que celle-ci restera fermée tant que son projet n’aura pas abouti.

Balafrons

Le mix sur lequel j’ai passé le plus de temps, j’ai galéré sur le clavier et puis aussi sur la voix. Je voulais jouer du balafon et créer un truc très primaire, hypnotique. Le texte est venu de l’envie d’associer des choses du quotidien, presque anodines mai qui deviennent violentes et qui se perdent dans le chaos ambiant. Il n’y aurait alors qu’une solution, partir vivre en forêt. « La forêt se tapissait de cendre » car c’est une vision de la forêt que j’ai eu parfois, un peu avant l’aube, qui laisserait presque penser qu’un film de cendre recouvre la végétation, c’est très beau.

Betrunken in da trunck

« Morceau parenthèse », un peu bancal, rendu un peu loufoque par le titre. Morceau qui évoque également l’univers de mon ami Christophe Petchanatz / Klimperei …

I belong to the forest

Lorsque l’on reste quelques jours en forêt, on se sent happé par la force qu’elle dégage, par le sentiment de désœuvrement qu’elle impose. La forêt est majestueuse, lumineuse et peut très rapidement devenir menaçante, hostile. On peut alors être tenté de ne plus bouger, de rester là à observer son environnement proche, à écouter les sons. On ne devient alors rien d’autre qu’un élément de ce paradis / enfer vert …

Quand tu te perds tu pleures

Morceau qui évoque une réaction possible quand on se perd en forêt (car on se dit que l’on est foutu !). Mis a part quelques sons électroniques et le tambour, je souhaitais un morceau très « boisé », acoustique, un truc un peu curieux et hybride.

Tu n’en reviens pas

Le morceau sans doute le plus autobiographique et le plus urbain pour parler d’états où l’on a plus la mesure des choses, où l’on est dans le déni. La vie poursuit son cours, à son rythme et l’on croit pouvoir le suivre …

Ratures

Morceau qui parle aussi d’immobilisme, de la difficulté à se projeter, à prendre des initiatives. Il y a quelques références au contexte local, notamment sur la phrase « tu m’en donneras encore à bouffer des bananes pesées ». Evocation un peu délicate, étant sans doute le premier « musicien rock » à employer le terme « bananes pesées » (plat haïtien) dans un morceau, j’imagine que cela contribue à l’étrangeté du morceau …

Track for Sandman

J’aime beaucoup le son de cette guitare acoustique. Le même soir, en Auvergne, pleine campagne, j’avais bouclé plusieurs thèmes, qui constituent contre toute attente, l’ossature de pas mal de morceaux. Et ce son me rappelait le son de la basse de Mark Sandman, que j’admire beaucoup, Morphine est un groupe qui compte beaucoup pour moi. C’est un morceau doux-amer, il n’y a presque rien.

L’habitation

Le sample de guitare et le toy-piano m’évoquent quelque chose de très triste qui serait transpercé par quelques éclaircies. Plus je jouais du toy-piano et plus je pensais à Robert Wyatt, à des ambiances que l’on peut parfois retrouver dans certaines de ses œuvres. A mesure que j’enregistrais, je pensais aussi au 1er album des Rita Mitsouko (album sombre et expérimental) et à un degré moindre à « Weather Storm » de Massive Attack. Je regrette presque que le clavier ne soit pas plus fort, plus agressif.

Colonie

L’un des premiers morceaux composé, ce qui m’a laissé envisagé que le reste de l’album allait être électro, limite « club ». Je pensais déjà à Berlin et Ibiza ( :-) ). J’ai essayé beaucoup de choses sur ce titre, je me suis bien amusé. Des morceaux comme celui-ci ont été pensés dans l’esprit « nuit dans la jungle » à écouter, à faire de la musique. Ce morceau aurait comme ambition, s’il devait être joué « live », d’être beaucoup plus malmené, sauvage.



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