Il faut absolument que le cinéaste William Friedkin écoute le nouvel album de Prairie. Car si l’auteur de « Sorcerer » et « Bug » se décidait à filmer un nouveau cauchemar empreint de superstitions, de blasphèmes et d’incantations crues, cette musique serait pour lui ! D’où vient Prairie ? Que veut ce groupe ? Est-ce de l’exorcisme live ou du shamanisme sous fumette ? Pardo Pond s’est-il réveillé avec un crucifix entre les jambes ? Roman Polanski est-il un adepte des grimoires maléfiques ? Satan s’est-il réellement exprimé par le corps et la voix de la si belle Anneliese Michel ?... « A Demon Will Hurt You » annonce Prairie sur un déluge de sonorités brouillées, cryptées, indignes de l’espèce humaine. On croit respirer lorsque Prairie semble ( ?) citer les accords de piano de « Who Killed Mr Moonlight ? » (Bauhaus) sur le très joyeux « Disarm You », mais non : le diable habite bel et bien cette musique dont-il sera dorénavant impossible de faire comme si nous ne l’avions jamais écoutée. Possession. Sortilège (noire). Jugement dernier. Trop tard pour la repentance : Dieu est mort, śāṭan s’incruste sur le sillon. Vous êtes prévenus (et moi donc)… Trêve de galéjades, on aimerait tout de même bien savoir quel fut l’état d’esprit du songwriter Marc Jacobs au moment de composer ces cataclysmes paraît-il inspirés de Cormac McCarthy…