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Vingt années d’absence pour un retour gagnant en solo. Dominik Nicolas raconte la genèse de « La beauté de l’idée ».

ADA : Question basique pour commencer : que devenais-tu ? Où étais-tu depuis tout ce temps ?

Dominik Nicolas : Depuis mon départ du groupe Indochine en 1994, il s’est passé vingt années qui ont été bien remplies en évènements. Des voyages (que ce soit en Chine, Islande, Alaska, Laponie etc.) m’ont enrichi avec la rencontre de gens de cultures différentes, et m’ont fait évoluer. Je vis loin de la capitale dans un environnement où je me sens bien. J’ai aussi beaucoup pratiqué la pêche à la mouche qui est un prétexte pour l’écologie (de raison) ; cela m’a fait prendre conscience de la fragilité de la nature, savoir prendre soin de notre planète bleue.

ADA : Eprouvais-tu une certaine lassitude à l’égard de la musique ? Celle-ci avait-elle baissé dans ton estime ?

Dominik Nicolas : Pas de lassitude, j’ai toujours continué à faire de la musique même si je ne sortais pas d’album. J’ai toujours écouté de la musique, c’est une passion pour moi.

ADA : Tu avais envisagé, il y a quelques années, la possibilité d’un album instrumental. Pourquoi cette idée ne prit-elle jamais forme définitive ?

Dominik Nicolas : En 2004, j’avais préparé un album instrumental que j’ai laissé dans un tiroir. Car au final, ce que je préfère c’est de faire des titres avec musique et texte pour faire passer des messages, ce qui est le cas avec mon album solo « La beauté de l’idée ».

ADA : À partir de quel moment as-tu ressenti l’envie ou le besoin de te replonger dans la conception d’un album ?

Dominik Nicolas : En 2013, suite à ma rencontre avec Noël Matteï (auteur de la quasi-totalité des textes de « La beauté de l’idée ») j’ai eu un désir de partager à nouveau ma musique ainsi que l’aboutissement d’un projet où je m’accorde toute liberté pour exprimer des thèmes et ambiances proches de ma personnalité.

ADA : Du coup, « La beauté de l’idée » possède-t-il un déclic, un titre ou un instant musical qui t’incitèrent à poursuivre plus en avant la mise en place de ton premier disque solo ?

Dominik Nicolas : Un des déclics a été la mise en ligne sur le net d’extraits audio des démos de « Mon Rêve » et de « Underground » sur lesquels j’ai eu un bon accueil. Cela m’a encouragé à continuer.

ADA : Au moment de composer les titres de « La beauté de l’idée », possédais-tu déjà une vision ou une idée globale de l’album ? Ou bien le puzzle s’assembla-t-il au fur et à mesure de l’écriture et de l’enregistrement ?

Dominik Nicolas : J’avais une vision bien précise de ce que serait « La beauté de l’idée » : je voulais faire un album electro pop twang avec un son un peu garage mais produit. Mon style musical a évolué au fil des ans tout en gardant ma touche perso, la guitare fait partie de ma signature. Ma façon de composer reste la même qu’à mes débuts.

ADA : L’album, je trouve, permet de ressentir une plénitude absolument touchante chez toi. Au niveau des thèmes abordés (la passion dans ce qu’elle peut avoir de plus incandescente et nourrissante) comme de la tournure pop de l’ensemble. Es-tu d’accord pour dire que « La beauté de l’idée » est un album à nu, sans triche ni camouflage ?

Dominik Nicolas : Oui : « La beauté de l’idée » est un album à nu, les textes de Noël Matteï me touchent. Les thèmes que j’aime sont l’amour, l’échange, le partage, la maturité, la pudeur, le secret... Il a su écrire des choses qui correspondent à ma personnalité, et que j’aurais aimé écrire, le tout dans un écrin pop. J’assume cet album.

ADA : Ta fille Naïs participe au chant. Son apport décuple cette idée d’amour partagé en totale harmonie. As-tu ressenti cette collaboration comme un cadeau à son égard ? Comme un disque « en famille » ?

Dominik Nicolas : Naïs participe au chant sur deux titres de l’album, elle a écrit le texte de « A ne pas croire ». C’est en consultant son carnet d’écritures que j’ai retenu son texte qui allait parfaitement à l’ambiance de ma démo. C’est un cadeau car rien n’était prévu. C’est un disque où la famille a participé, mon fils Tristan m’a également apporté son aide pour la vision globale du projet.

ADA : Le premier single, formidable « Underground », avait-il valeur de test pour toi (comme par rapport à la réception du public) ? Qu’as-tu ressenti face au très bon accueil reçu ?

Dominik Nicolas : Le single « Underground » a permis de montrer un aperçu de « La beauté de l’idée ». Il a reçu un bon accueil ; cela m’a rassuré car après des années sans sortie commerciale, il y a toujours une période de doute... Suite aux bons retours de ce single, le label Verycords m’a signé pour l’album.

ADA : As-tu conscience de posséder un grand cercle d’admirateurs qui attendaient cet album depuis très longtemps (les réseaux sociaux l’attestent) ?

Dominik Nicolas : Je n’ai pas conscience du nombre de gens qui ont attendu cet album. J’ai remarqué une fidélité et une patience car ils se sont manifestés via les réseaux sociaux et ont suivi le projet du début à aujourd’hui. J’espère que le résultat sera à la hauteur de leurs espérances...

ADA : Comment te sens-tu, aujourd’hui, quelques jours après la sortie de « La beauté de l’idée » ? Eprouvais-tu une certaine crainte, une appréhension face à la réaction du public et des critiques ?

Dominik Nicolas : Oui, il y a toujours une crainte car on ne peut pas faire l’unanimité. « La beauté de l’idée » vient de sortir, les premiers retours sont bons, cela me fait plaisir. Cet album a été fait sans aucune pression ni objectif si ce n’est le plaisir de jouer et partager ma musique.

ADA : Peux-tu promettre qu’il ne faudra pas attendre dix années avant d’écouter de nouvelles compositions de Dominik Nicolas ?

Dominik Nicolas : Je vis dans l’instant présent. Mon album vient de sortir, attendre deux décennies pour un nouvel album relèverait de la fiction...

ADA : Durant ces années de silence, restais-tu au courant des nouveautés musicales ? Certains artistes ou groupes t’ont-ils particulièrement marqué au cours de cette période ? As-tu des récents coups de cœur ?

Dominik Nicolas : J’ai toujours écouté de la musique, je découvre des groupes sur le Web ou chez les disquaires. J’aime aussi des groupes actuels comme The Hives, The Hacker, Tam Impala... Mon récent coup de cœur est Moodoïd dont j’apprécie l’univers.

Merci à Math Demit & Dominik Nicolas