> Spéciales


  • 2 octobre 2015 /
    Coming Soon
    + Kcidy à l’Espace B, Paris. 1 octobre 2015

    réalisée par Xavier

Soirée chargée pour Coming Soon à l’Espace B. En plus du vernissage de l’expo Aloah (qui affiche sur les murs du fameux club parisien les œuvres minimalistes de certains membres du groupe), la joyeuse bande était venue défendre la sortie de son dernier Ep, le très bon Sun Gets In. La belle surprise de la programmation de cet événement était la venue de Kcidy, Lyonnaise d’AB Records et membre de Satellite Jockey, qui a assuré la demi-heure de set en première partie.

Après deux morceaux de rodage, le groupe, qui compte désormais trois membres au lieu de la seule Pauline à l’origine du projet, a su trouver le rythme et la confiance suffisante pour assurer un concert intimiste mais pas ronronnant pour un sou. Alternant compos présentes sur son premier EP et inédits, Kcidy s’est essayé au français, non sans une certaine classe. Une nana du public nous confiera plus tard dans la soirée que ces interludes francophones l’avaient ramenée à la lecture de Sagan, ce je ne sais quoi de légèreté mélancolique propre à Bonjour Tristesse, et on serait bien incapable de la contredire. Une belle performance live, donc, qui attise la hâte d’entendre la suite en studio.

La sempiternelle bière d’entracte avalée, c’est au tour des principaux intéressés de prendre le contrôle de la scène de l’Espace B. Tenir tous ensemble en même temps est déjà une performance, au vu de l’étroitesse de l’espace disponible après disposition des divers instruments. Mais il en faut plus que ça pour démonter l’enthousiasme apparent de la bande à Alexander Van Pelt. Les mecs sont heureux d’être là. C’est suffisamment rare, malheureusement, pour être noté. Car il est de bon ton de tirer la gueule et de sortir quelques « merci » glacials quand on est un groupe indé. Ça fait genre. Mais Coming Soon ne fait pas genre : il fait. La voix d’Howard Hughes était impeccable, tant dans ses sonorités plus aigues que lorsqu’il cherchait les basses, limite crooner sur les bords. Les lignes de basses de Billy Jet Pilot, elles aussi, ne souffraient en aucun cas d’amateurisme et la symbiose entre Alexander Van Pelt et Ben Lupus, les deux chevelus/moustachus en lunettes de la bande était perceptible, carrément agréable à voir.

C’est ainsi que, de compos présentes sur Sun Gets In en morceaux tirés de Tiger Meets Lion, le groupe déroule un concert propre, dynamique et parfois audacieux (comme ce début en acoustique de l’instrumentale The Marshes of Mount Liang), arborant un enthousiasme non feint, avant de finir par un rappel beaucoup plus rock que pop. Avec en prime, une belle performance de Leo Beer Creek, le batteur, en guise de fin de set.

Alors, comment expliquer, malgré toutes ces belles choses, le sentiment de demi-teinte qui m’a parcouru tout au long de cette deuxième partie de soirée ? Là où leur dernier EP réussissait sans encombres à associer branleur attitude et plaisir contagieux, sa retranscription sur scène souffrait d’une certaine distance. Pas de méprise, cependant : on ne parle pas de snobisme ou quoi que ce soit dans ce goût-là. Mais l’étroitesse de la scène alliée aux spots braqués plein phares dans les yeux du chanteur ne facilitait pas l’expansion de joie telle qu’elle aurait pu se produire, sans doute, dans d’autres conditions. On attendait que ça décolle pour de bon, on y croyait… et puis ça n’était jamais aussi extatique que lorsqu’on écoute l’album chez soi, enceintes poussées à fond. Ce n’est pas bien grave, dans le fond. Des concerts, il y en aura d’autres, sûrement des pires mais aussi, on leur souhaite, de bien meilleurs. L’important, pour cette release party, c’était de prendre son pied sur scène, et l’on ne court pas trop de risque en avançant que c’est pari réussi pour Coming Soon. Le plaisir était là. La qualité aussi. Le reste est-il vraiment important ?