Se laisser prendre, se laisser happer par lui. Il est là, caché, figé, il sait se fondre dans son espace. Il est silencieux, il finira par vous aimantez, vous le savez, votre lutte est factice, presque une danse, comme celle de certains oiseaux qui paradent pour charmer.

Vous le savez mais vous le faites, avec un sourire intérieur, mais vos yeux vont vous trahir, car vos oreilles se serviront d’eux pour traduire physiquement le plaisir de la rencontre. Il est là, vous êtes maintenant avec lui, dans le fond il vous est familier, vous savez bien que sa posture n’est pas totalement inédite, vous prenez conscience que d’autre avant lui se sont positionnés de cette façon pour vous attraper, certains ont même eu le privilège de réussir une cueillette miraculeuse, quasiment insensée quand on pense à la patience qu’il faut déjà pour en prendre un. Mais l’art de cette chasse ne doit pas s’interdire de reprendre les gammes illustres sous prétexte que le dictât de la nouveauté serait le nouvelle art de cette quête (ne plus parler de chasse).

Dans tous les pores de ses lignes qui servent à nous attraper, il y attache des fenêtres qui se balancent, reflétant des images passées qui donnent du relief à notre histoire. Des mots posés avec la précaution du restaurateur de tableau qui vient redonner vie à celui ci en l’exposant. Alors il sera temps d’essayer de l’aider, de vous poser comme là maintenant, de prendre une position, la plus confortable possible, de la débarrasser de ces facilités qui consistent à faire briller au dessus les néons des références. L’attirance se fera naturellement, difficile de lutter contre les évidences, surtout quand celles ci vous donnent l’occasion d’entrer en communion, de toucher de l’oreille quelque chose de transcendant. Devenez alors un Static Observer, plutôt quelqu’un pouvant lancer l’alerte, une alerte précieuse, autant que ce disque. Rabbit’s run, ou le plaisir de se faire happer par une écriture musicale gracieuse.