Trois ans après Murded le trio GaBLé nous revient enfin avec un nouvel album, Jolly Trouble, treize titres complètement barrés pour notre plus grand plaisir. Chaque morceau de GaBLé est une petite pépite, comme une pièce de collection, assemblée par de véritables artisans-bricoleurs qu’on imagine dans leur petit atelier mignon avec de grosses lunettes et le sourire aux lèvres en train de réfléchir à leur prochaine création. Tels des druides expérimentant et créant des potions magiques ils piochent dans la vie et dans tout ce qui les entoure pour créer leurs propres instruments et leurs propres sons. Des savants-fous à l’écoute de leurs émotions qui embrassent leur créativité sans bride ni retenue et la dévoile avec une folie douce et un coeur ouvert.
Véritable ovni inclassable ils nous surprennent à chaque nouvel album et confirment en live (à voir sans attendre, courez les découvrir si ce n’est pas déjà fait !) leur simplicité et leur aplomb. Au-delà du sourire (évident) qu’ils transmettent ils proposent autre chose, une sorte d’anti-pop rocambolesque loin des sentiers battus, et le font bien, avec classe et précision.
Ce nouvel album explore avec encore plus de palettes et de facettes l’univers infini de GaBLé et nous trimballe partout. De la comptine pour enfants (ponctuée de grosses explosions sonores), en faisant un détour par le far-west, un passage furtif dans un bar punk pour finir dans un lieu indéfinissable rempli de nappes et d’envolées psyché pour repartir à toute berzingue dans un dark-rock qui tabasse, sans oublier bien évidemment les petits passages à la flûte et autres instruments bricolés. Les voix sont très travaillées, toujours bien dosées et justes dans l’intention. Un véritable ascenseur émotionnel ! Ils jouent avec notre rythme cardiaque les bougres ! C’est ça que l’on aime chez GaBLé, leur faculté à nous surprendre et à nous faire valser, voltiger, avec cette fraîcheur décomplexée qui fait du bien.
Jolly Trouble est la preuve que Gaëlle, Thomas et Mathieu sont des magiciens, des alchimistes de la vie et ne sont probablement pas humains (j’ai pourtant fait une chenille avec eux, ils avaient l’air normaux ; c’est aussi ça GaBLé, une simplicité déconcertante). Leur créativité ne faiblit pas, elle évolue sans cesse et se renouvelle. Une bouffée d’air frais qui revigore le cerveau en ces temps incertains. MERCI.