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Vivant a Madrid et parfaitement bilingue, j’ai accroché l’idée saugrenue que ce groupe était espagnol… saugrenue non pas parce qu’il n’y a pas de culture pour ce style par ici (los planetas ou Love of Lesbian en sont bonne preuve), mais plus simplement parce que le nom de ce groupe-duo londonien est castellan, Ten fé ce traduit effectivement par "Ai la foi" crois en toi. Et, ils ont de quoi crever leur égo de boulimie, parce que leur travail est digne d’éloges. Il faut, en toute honnêteté, croire en eux comme une valeur sure, pas de foudroyants messies, mais des grandes figures du son à venir, apôtres, comme Foals, Ben Howard, Fink ou Likke Ly d’un possible lendemain de nos oreilles. De nouveau sous la production intelligente et intuitive d’Ewan Pearson (M83 et mes adorés Delphic), ils lancent leur nouveau disque au nom guerrier de "Hit the light". Avouer est de vaillant, et d’eux je ne connaissais que le remix qu’avait ciselé Unkle (autre de mes chéris) sur "Make me better". Quelles armes ont-ils alors pour arriver à frapper la matière même de la lumière ? Un bon arsenal gardé dans le garage de leurs cerveaux, des munitions sagement dosées, et une stratégie qui joue autant du rêve comme de la vie. Enumérons en résumé les armes de ce duo pour vous donner une idée de l’invasion, le sens de l’ampleur des mélodies, cette manière très 80 de créer des profondeurs couches a couches de guitares et voix, un peu dans le style de ce rock américain tranquille, Foreigner, Cars etc… Et puis la sensibilité des Fleetwood Mac, cet onirisme inavoué, et les étincelles d’un Echo & the Bunnymen, la force des hymnes de Simple Minds, de cette électronique qui ne voulait pas l’être de la wave (Cult, Love and Rocket, Lightning seeds aussi) et un regain des violons qu’utilisèrent les "Mission Uk" sur leur magnifique disque "Children" (bons étudiants). Voici les armes, reste à savoir viser, reste à savoir tirer. Je ne crierais pas au génie, mais, il faut admettre le sens polie et sage qu’ont nos deux acolytes, Ben Moorhouse et Leo Duncan de poser le doigt là où ça fait du bien, et même si ce nouveau disque est moins rageur (ou d’une rage plus contrôlée, ors donc plus vicieuse), moins puissant au niveau attaque, il n’en reste pas plus marquant. Ce talent fait de ce disque un opus dont il est impossible de quitter une chanson, d’en rabaisser une et d’encenser l’autre, au même titre pour moi que le "August and everything after " des Counting Crows ou l’"Eleor" de Dominique A, disques pleins et indestructibles, ce "Hit the light" est un festin sensoriel des pieds a la tête. La voix un peu plus présente que dans le précédent disque n’est plus un simple instrument, sinon l’oriflamme des thèmes, bien appuyé par des chœurs profonds et puissants dans leur deuxième ligne de combat, et si je tombais amoureux l’année dernière des musiques et du jeux des instruments paysagistes de "War on drugs" et de l’ambiance générée par ces guitares et ces strates de sons, je suis prêt sans pudeur a être infidèle, le son est parfait, assemblage sens a sens et archéologique (pour créer ça, il faut avoir été studieux a l’école du rock) et cette pincée prudente et souvent de rendement élevé d’onirisme, cette brume sonore qui réverbère, amplifie et donne a l’atmosphère ce plus de mysticisme qui nous fait tendre l’oreille. Ce cumul de grandes sensations, ce road trip qui ne sait si il est interne ou externe, qui traverse des mondes entres déserts et vagues, entre amour et solitude, donne une proportion d’obligé vinyle dans nos discothèques, de fétiche, de compagnon pour remonter moral devant les polaroids de nos vies et un bourbon, parce que c’est un disque avant tout vivant, lumineux, heureux même au bord de la tristesse, capable de toucher, effectivement, la matière de la lumière.




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