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  • 18 février 2018 /
    Nils Frahm
    “Report live du 4 février 2018 au Lieu Unique à Nantes”

    rédigé par Jean-Baptiste
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Pour défendre son nouvel album, All Melody, Nils Frahm aura vu grand en organisant une large tournée européenne, desservant largement la France, en proposant un set déroutant, mêlant aussi bien ses nouvelles fresques qui se morphent en une techno minimale en live que ses « classiques », et en revoyant à la hausse sa batterie de claviers.

C’est d’ailleurs la première chose qui saisit à un concert de Nils Frahm : les sept ou huit claviers occupant tout l’espace, semblant trop nombreux pour un homme seul, mais tous sans exception passeront sous les mains du compositeur ce soir : aussi bien un orgue sonnant comme une flûte de pan cyborg (selon les termes de Nils), qu’un toy piano, un genre d’harmonium, un piano à queue superbe, un piano droit façonné exprès pour lui et ne frappant qu’une corde et encore quelques petits autres trucs. Autant de claviers sur lesquels Nils Frahm viendra bidouiller tout au long du concert, sautillant sur place entre les différents instruments.

C’est un Nils couvert d’une casquette en feutre, pour couvrir sa tête désormais rasée (il plaisantera dessus pendant le concert), qui fera son entrée sur un nouveau morceau, commençant par une lente nappe assez sombre, à laquelle on incorpore plein de petites choses, on joue des tours, pour finir par devenir de plus en plus électro... Jusqu’à finir en un genre de techno assez chiadé, aux sons parfois secs, bien enrobée.

Puis après une présentation rapide de Frahm (très gentil, assez stressé, presque apeuré par le monde), retours aux claviers pour un morceau plus surprenant, étrange, mélangeant ce qu’on connait bien du monsieur, les accords égrainés, les mélodies fluettes, douces et pleines de craquements, à d’autres passages technos, des flûtes sonnant un peu lounge, et un Nils qui headbang sur un passage qui ne s’y prête pas du tout (!) ; la sauce prend pourtant vraiment bien une fois qu’on lâche la bride, les nouvelles expérimentations apportent une variété bienvenue au répertoire de Nils, un contrepoint à ce qui suivra…

Car ce qui suivra, ce sera More, la magnifique, rallongée (comme tous les morceaux d’ailleurs, pour un set généreux de 2h), avec tous les petits souffles du piano droit captés par des micros placés je ne sais où, perle de beauté qui n’a plus rien à prouver. Nils solennel, qui rigole de bon coeur quand une personne du public lui demande de jouer du Liszt, qu’il répond qu’il fera son dictateur ce soir et jouera ce qu’il veut. Ce qu’il veut, ça sera un dernier morceau "dansant" où l’on croit reconnaître une version pirate de Says sur le début, démentie par l’arrivée de nouveaux éléments technos, pour triturer un peu tous les claviers au final. Puis finalement, sans prendre le temps de s’arrêter entre les morceaux, après la redescente de son morceau précédent, c’est Hammers qui résonne. Nils qui s’escrime comme pas deux, le souffle, le "nah nah nah nah..." accompagnant le piano doucement entendu, lointain, alors que la mélodie ressort de plus belle. Souffle coupé. Puis juste derrière, Nils enchaîne avec Says, Says avec une introduction bien plus longue, tout le monde sur le qui-vive, qui attrape à la volée ses petites improvisations sur ses synthés, tout le monde qui attend l’instant. Says grandit, on claque le piano droit, puis chute soudaine du son, Says merveilleuse.

Aucun effort à faire pour que Nils soit rappelé, devant la ferveur du public, d’abord encore un genre d’harmonium, en introduction, puis les brosses de toilettes, les brosses de toilettes, avec lesquelles Nils attrape des nuances jusque-là ignorées dans son piano à queue, avec lesquelles il griffe le micro pour sortir des sons fantastiques, et enchaîner de suite avec le reste de Toilet Brushes.

Plus rien à prouver, une dernière fois le souffle coupé, une dernière tentative de rappel ne marchera pas, chapeau bas, Nils, chapeau bas.

Merci à Margot Dubreuil

Crédits Photos : KGB




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