Ce n’est jamais aisé d’écrire une chronique sur une compîlation, sans sombrer dans un descriptif minutieux et rébarbatif de chaque titre, ou céder à la facilité du contre-pied visant à réduire l’ensemble des intervenants à une entité unique. Ce n’est pas pour rien que très peu sont chroniquées dans nos pages.
Et pourtant, celle-ci mérite qu’on s’y attarde. Elle a l’honneur de réunir presque tous les fleurons de l’écurie Kizmiaz, avec des morceaux de qualité et non de simples fonds de tirroirs, et elle réussit la performance d’être à la fois cohérente et variée, à l’image du label Nantais.
Depuis maintenant 10 ans, Kizmiaz explore la scène garage locale et internationale sans toute fois se coller des ornières, comme le prouvent le rock cajun de Thee Verduns, la folk crépusculaire de Slim Wild Boar, la soul chaleureuse et cuivrée des Royal Premier, le blues acoustique du vétéran Ben Vaughn ou la pop francophone rétro de Birds Are Alive. Mention spéciale au génial Débile Bill d’Habile Bill qui me donne une irrépressible envie de jouer à Super Mario Kart.
Kizmiaz reste un label indispensable dans le paysage rock hexagonal, de par sa démarche originale, faisant la part belle a des styles souvent mésestimés, souvent relégués au second plan et laissés en pature aux rares fanzines spécialisés qui circulent sous le menteau. Kizmiaz a de plus le parti pris de sortir principalement des vinyles, de beaux objets qu’on a autant envie d’accorcher au mur que de poser sur la platine. Et pour conclure, le label peut se venter d’avoir sorti quelques uns des meilleurs disques de la dernière décénie, avec entre autres l’indispensable Ratelier à fusil de Thee Verduns et l’excellentissime Pourriture Noble de Noir Animal.