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  • 6 janvier 2019 /
    La Rédaction
    “Mon Bilan 2018”

    rédigé par ADA
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Low « Double Negative » (Sub Pop)

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« Abrasif en son début, voir totalement déroutant pour qui ne connait de Low que le disque de Noël par exemple, ce nouvel album (parlons ici de monolithe quasi insurpassable) implore notre patience et notre envie de recherche. Il ne nous regarde pas, mais semble nous décrire, façonner une image pieuse en décomposition. Low semble ici trouver la combinaison parfaite entre cette écriture particulière, un traitement sonore différent, et une interprétation qui prend aux tripes pour ne jamais vous lâcher, comme un cheval de Troie qui aurait sans envie belliqueuse, définitivement détournée vos orientations, pour un ailleurs où l’inconfort serait balayé par une proximité évidente (Fly est de ce point de vue une prouesse d’écriture et de production, où comment jamais nous perdre dans un labyrinthe sans cesse en mouvement).

Il sera difficile de faire le tour complet de ce disque, surtout à notre époque, mais il n’est pas là pour un temps donné, il est il est notre monde pour des années, et c’est une certitude que je préfère à celle du chaos probable. Chef d’œuvre. »

Olivier Depardon « Avec du Noir avec du Blanc » (Petrol Chips) http://www.adecouvrirabsolument.com...

"« On sait qu’Olivier a été marqué par l’album Hold/Still de Suuns, on s’aperçoit qu’il a intégré dans sa musique l’esprit d’épure propre au groupe canadien, où la batterie et le clavier occupent une place centrale, laissant se développer un thème qui prend son essor sans systématiquement passer par l’avalanche de guitares (mais ça arrive tout de même, soyez rassurés). En témoignent les titres "La lame de la nuit" (le cœur qui bat), l’instrumental "Horses" qui fait partir loin, "Le bel effort" et son riff final imparable. Plus directs, "Autopsie du foie" & "Un retour en enfer" donnent le ton dès les premières notes là où "Un mot" envoie un uppercut et renvoie aux guitares acérées libératoires post Virago, option K.O. » »

Dominique A « Toute Latitude » & « La Poésie » (Cinq 7)

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"Dominique A maîtrise dans sa plus précise expression l’art de raconter des histoires. Non seulement les siennes, mais aussi celles des autres. Il y a quelque chose d’intemporel et cinématographique dans la façon dont il campe le décor de chacune de ses chansons avant d’y faire pénétrer ses personnages. Le drame est déjà dans le contexte, dans l’architecture du lieu, dans les couleurs, les parfums. Les protagonistes ne sont que les ombres portées de leur environnement. « Le soir tout s’est relâché et tu t’es jeté sur le lit, rincé d’avoir dissimulé, d’avoir encore autant menti et le tremblement a repris et tu t’y es abandonné, tu t’es confié tout entier à la fragilité »."

Courtney Barnett « Tell Me How You Realy Feel » (Milk Records)

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« Ce disque pourrait au même titre que « Bakesale » ou « Slanted and Enchanted » se placer tout en haut d’une colonne….non j’arrête avec mes tableaux, en vous précisant en plus qu’avec un disque comme celui-ci, il est diaboliquement évident que l’on est pas prêt de faire une croix sur cette musique pas tout à fait comme les autres, mais complètement pour tout le monde, pour peut que l’on fasse abstraction de ses préjugés, et à mon âge nous en avons pleins. En amour. »

Delgado Jones « Rain Forest » (L’Eglise de la Petite Folie)

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« Sa vie, des vies ne tenaient ou tiennent qu’à un fil, par ce disque Delgado Jones offre une main pour ne pas être tiré vers le sol, s’opposant de toutes ses forces. Il marquera le sol de ses empreintes appuyées pour ne pas se laisser entrainer vers un enfer dont il a foulé les terres les plus brulantes, en revenant marqué, mais gardant à l’image d’un Georges Hyvernaud revenant des camps de travail, une dignité et une force pour continuer à marcher sur notre sol qui n’est pas tout à fait un paradis. La radicalité d’un désespoir qui tente de muter en une forme de résurrection improbable. Un pari réussi, celui de croire à la vie et de la crier. Émouvant. »

Emilie Zoé « The very start » (Hummus Records)

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"Émilie Zoé entre directement dans la cour des grand·e·s avec cet album intimiste, où la tension souvent sous-jacente donne une matière dense. Elle crée une connivence avec l’auditeur, comme si ces chansons n’étaient destinées qu’à nous, qu’elle nous les chantait au creux de l’oreille, avec une proximité pleine de douceur, qui nous donne envie d’y revenir."

Beak ">>>"

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"N’étant pas pressé de donner une suite à 3 chez Portishead, Geoff Barrow poursuit son chemin avec ses acolytes de Beak> pour un excellent 3e album au son très rond et analogique, qui agrandi la palette de styles au-delà d’un krautrock réinventé, avec un chant également plus affirmé."

Michael Wookey « Hollywood Hex » (We Are Uniques Records)

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« Il faut écouter toutes ses musiciennes et musiciens s’en donner à coeur joie, partant de rien - quelques tintinnabulations, quelques craquements, quelques insultes aussi - à la conquête de l’espace, submergeant leur chanteur, lui tissant un tapis volant aux motifs modernes et inédits, une carpette inspirée sur laquelle la gravité n’a jamais pu frapper. Il faut croquer dans ce Hollywood Hex de bout en bout. Mille-feuilles sonores qui du papier d’Arménie ont la fragrance subtile et la légèreté, ces chansons s’embrasent et se consument, se consomment sans la moindre modération. Un vrai délice ! »

Peter Kernel « The Size of the Night » (On The Camper Records)

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"Cette tension, bien que légèrement atténuée au cœur de The Shape Of Your Face In Space par une bulle plus onirique et apaisée portée par la voix enjoleuse de Barbara, nous rattrape au vol en fin de morceau pour nous propulser au coeur de This Storm Will Last avant que The Fatigue Of Passing The Night ne vienne conclure le disque telle une berceuse bienveillante mais néanmoins vicieusement orchestrée de fin de nuit agitée. La taille de la nuit, si celle-ci ne nous a pas dévoré, restera finalement un mystère aussi subjectif que personnel, mais ce qui est sûr, c’est que la taille que prend Peter Kernelà nos côtés avec ce nouvel album est-elle évidente : XXXL"

Puts Marie « Catching Bad Temper » (Yotanka Records)

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"Riches de leurs expériences passées - plus de quinze ans à jouer ensemble, des aventures sur des projets individuels aussi - les cinq de Puts Marie ne s’embarrassent pas de fioritures mais ne rechignent pas sur l’éclat des enluminures. Oui ça brille. Comme si ça sortait juste du feu de la forge de leurs esprits, au-dessus de laquelle on les imagine en bleu de chauffe, la tête balançant obstinément.

En première ligne au concours de l’élégance, c’est surtout au tableau d’honneur du rock expérimental et intelligent que chacun de ces titres, portés à bout de cordes vocales par une scansion plus qu’habitée tantôt grave tantôt plus lyrique, figure en mention spéciale. Avec une médaille particulière pour Garibaldi, ballade en clair-obscur qui virevolte avec hésitation entre candeur et perversité avant d’opter définitivement pour l’excellence. Leur marque de fabrique c’est évident !"

Suuns « Felt » (Secretly Canadian)

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"C’est finalement à petite dose que l’album dévoile plus ses mérites : il faut avoir le courage autrement de s’embarquer dans ce trip cosmique, qui pioche et régurgite un tas d’influences expérimentales et psychés, quitte à finir dégoûté. C’est une nourriture aux relents très marqués, aux particularités si affirmées que pour l’apprécier, pour ne pas risquer l’indigestion, il faut se satisfaire de peu. Les musiciens de Suuns s’amusent comme des gosses à qui on donne champ libre dans un magasin de jouet, et ça réjouit la plupart du temps, mais ça peut finir par énerver. On espère voir un album peut-être plus mesuré la prochaine fois, comme l’excellent album collaboratif de Suuns et Jerusalem In My Heart d’il y a quelques années, mais on ne rechignera cependant pas son plaisir à écouter Baseline ou Peace and Love. »

Pauline Drand « Faits Bleus »

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"Escortée par les anges gardien de Dominique A et produit délicatement, avec un tact tout a fait amoureux par Lo Brifo, "Faits Bleus" s’enveloppe d’un son clairement folk, mais dont les ailes se colorent de profondeurs, d’arpèges pour impulser plus haut encore le chant aux accents "Hardy", et sa narration intime des beautés et amertumes de l’amour. Alors renait cette mythologie des grandes chanteuses de l’hexagone, avec leurs frayeurs et leurs éblouissements, avec leurs forces et leurs abandons, les cocons s’oublient sur le bord des rivières, et les papillons choisissent si diurnes ou nocturnes en attendant des avions, ou la pluie sur les roses, avec un courage et une passion sans égal, au-delà des problèmes qu’a eu Pauline pour en arriver a nous offrir cette chrysalide, entre déception et cambriolage, entre trahison et reddition, il lui a fallut de tout pour enchanter le monde, et le monde, nul doute, sera enchanté de la voir voler. »

Rivulets « In Our Circle » (Talitres)

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« … « In our Circle »est un disque irriguant notre peau asséchée, une œuvre où la poésie se confronte à la réalité dans un combat sans merci où au final les brèches gagnent, et c’est en leurs seins que nous nous plongerons, n’entendant plus que l’écho du dehors, un écho lointain et recouvert par celui plus vibrant d’un groupe qui signe un disque tellurique. Frisson pour la vie….. « I Was Lost When I Met You ». »

MellaNoisEscape « Heartbeat of the Death » (Ulysse Maison d’Artistes)

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"MellaNoisEscape ne nous parle pas avec des mélodies simplistes, des sons convenus, comme on babillerait avec un enfant, mais au contraire, il.elle nous parle d’égal·e à égal·e, comme à des êtres doués d’intelligence, avides d’apprendre et de s’emplir de cette musique érudite dans laquelle on entre facilement par les multiples portes d’entrées laissées ouvertes pour nous. On s’y sent bien dans cette noirceur peuplée de confortables monstres qui pourraient faire peur au premier abord mais qui se révèlent bien plus chaleureux que nombre d’humains. On ne nous donne pas de vains espoirs, on ne nous peint pas ce monde plus beau qu’il n’est, c’est au contraire criant de vérité et cela nous laisse enfin libre d’accepter nos défauts et de déceler la beauté en toute chose, parce qu’elle est là, bien présente, lumineuse, attirante. Un album qui raconte les multiples méandres de la vie, nous donnant l’espoir que tout ceci a un sens, finalement. »

Zëro « Ain’t thatMayhem ? » (ici d’ailleurs)

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"On évite cependant l’élitisme qu’on pourrait voir surgir au détour d’une phrase alambiquée de chroniqueur incomprenant. La reprise métamorphosée et inquiétante d’"Alligator Wine" de Screamin’ Jay Hawkins en est une preuve flagrante. Vu d’un autre angle, "Underwater frequencies" nous replonge avec une émotion non feinte dans l’atmosphère de "Radiant, discharged, crossed-off", le fantastique dernier album de Bästard. Malgré une atmosphère pré-apocalyptique, cette cathédrale instable ne semble finalement pas prendre l’eau ni menacer de s’effondrer. Encore qu’on pourrait se demander si tout n’est pas "fake from the start", si tout n’est pas qu’un jeu depuis le début, et qu’il ne reste déjà plus rien de ces bâtisses dégingandées."

Alain Chamfort « Le Desordre des Choses » (Pias)

"Alain Chamfort a signé avec « Le désordre des choses » un des plus beaux albums de la chanson française de l’année écoulée. D’abord tout en émotion avec les chansons « Les microsillons » et « Le désordre des choses » l’album évolue vers une veine plus pop avec notamment la bien nommée « Tout est pop ». Les arrangements semblent être là juste pour servir son timbre velouté qui nous conte des textes à teneur poétique où le chanteur délivre sa verve d’élégance. Mais loin d’être un chanteur ringard, Alain Chamfort est dans une modernité luxuriante où on se surprend à siffloter les mélodies entêtantes de ce magnifique quinzième album studio du dandy de la chanson française. "

Girls Names « Stains On Silence, » (Tough Love Records)

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"Souvent comparé à Nick Cave, le charismatique chanteur Cathal Cully enfonce le clou Bad Seeds avec un premier extrait nommé 25 qui semble directement exporté de la période berlinoise de Nick (Your Funeral, My Trial, es-tu là ?). Sauf que : on aimerait bien que l’auteur d’Into My Arms puisse aujourd’hui écrire une chanson aussi faussement gothique, aussi longue à la détente que ce 25 hors mode… Et comme généralement les Girls Names adorent entourlouper leurs fans, l’album à sortir, malgré cet extrait dark de chez dark, s’apparente à un grand mystère. Une certitude, au moins : en juin, on sait déjà quel album tournera en boucle sur les platines."

Vestale Vestale & Ray Borneo « Pour adultes et Adolescents » (Petrol Chips)

http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article7451

« Avec cette nouvelle sortie accompagnée cette fois par Vestale Vestale, Ray Bornéosigne une nouvelle totale réussite, et claque avec son gang de doux furieux et ses dix sorties une des aventures musicales & humaines qui a enthousiasmée le cœur de la rédaction d’ADA en 2018 ! Merci & Vivement 2019 ! »

Mermonte « Mouvement » (Room records.)

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"La force de Mermonte est de signer une musique comme des bourrasques qui ne détruiraient rien, mais construiraient. De retour avec des guets de choix (Laetitia Saddier, Dominique A) le collectif s’inscrit définitivement dans la musique d’ici, sachant manier le sabre et la mélancolie avec la dextérité d’un lanceur de couteaux esthète en poésie. "

The Breeders « All Nerve » (4AD)