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Il y a de ce la quelques années le premier album de Silent Carnival m’avait non pas inspiré, mais plutôt imposé une chronique étrange, jouant avec ce papier comme avec un artefact pour combler le vice abyssal de mon inspiration quand il est question d’avouer bien plus qu’un amour face à cette musique, une admiration quasiment tétanisante, d’où la pirouette de rédacteur d’école primaire me plongeant dans une forme d’immobilisme contraint.

À l’arrivée de ce nouvel opus sorti fin 2018 [le jour de mon anniversaire pour être dans la précision la plus totale pour une fois] j’ai senti mon corps reproduire de façon étonnante la manifestation décrite dans cette première chronique. Mais là où le premier album m’avait figé, « Somewhere » [titre qui tire son nom d’un des morceaux du disque, morceau qui pourrait être une des pièces musicales à entrer dans mon panthéon quand il sera l’heure de faire l’état des lieux d’une vie) me ferait presque avancer, mais à la façon d’un pantin se laissant guider par des chansons qui seraient comme le nouveau chant des sirènes.

À l’heure où l’idée même d’une possible vie éternelle se fait jour dans des esprits savants, la peur de celle-ci nous apparait, ne souhaitant surtout pas, sauf pour veiller sur ses enfants, ou pour vivre la fin de carrière de Vianney, que cette vie s’éternise. Mais « Somewhere » encore une fois avec Silent Carnival a un pouvoir si fort qu’il s’impose comme le chainon manquant pour aborder une vie sans fin sans peur et crainte, celui qui habille un décorum inquiétant. Apaisante, l’écriture de Silent Carnival est comme le placebo de nos fêlures, prenant la mélancolie à bras le corps, la serrant contre soi dans un geste d’amour à la puissance universelle.

Le disque est d’une richesse sonore étonnante quand on sait que le disque a été fait dans le home studio de Marco Giambrone, épaulé ici par Alfonso De Marco, Caterina Fede, Andrea Serrapiglio pour les habitués ainsi que par Stefano De ponti, Luca Swanz Andriolo et Luca Serrapigtio. Les morceaux s’imposent non pas dans une forme d’éloge de la lenteur, mais plutôt comme la quête d’un absolu, rejoignant en cela les travaux d’un Mark Hollis, avec certes moins d’envergure, mais avec une proximité peut-être plus grande.

« Somewhere » est une œuvre grandiose, mais jamais sclérosante, ne nous laissant pas dans l’ombre d’une construction qui pourrait intimider.

Un morceau comme « Calvary » en dit long sur la qualité de metteur en musique de Marco Giambrone, stupéfiante déambulation dans un ailleurs moins serein, mais tout aussi attirant, comme si un fil invisible et insonore nous guidait.

Alors Silent Carnival, le secret que j’essaye de garder, mais je vous aime tellement [enfin je t’aime toi lecteur] que je ne peux vous laisser sans le connaitre , rêverie époustouflante [écouter Arles et se voir propulser dans une poésie musicale subjugante].

Face à un tel disque, face à un tel artiste, difficile encore de trouver des mots, alors je ne peux que vous conseiller de scruter l’horizon, de vous aménager un endroit dans lequel il vous sera agréable d’avancer encore, car Silent Carnival vous propose le voyage sans limites, sans fin, l’absolu en musique. Magistral.




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