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Je m’y suis remis, c’est mon petit bain de jouvence, je me suis une fois de plus replongé dans Dolly Matic, non seulement par amitié et pour avoir de loin participé a son premier lancement, mais parce qu’il avance, si il n’avançait pas, croyez-moi, je n’écrirai pas, j’ai l’habitude et la bonne éducation de ne rien dire quand dire ne servirait a rien. Mais le parcours de Dolly m’a plu, et a ce jour me plait encore beaucoup. "Progresse adéquatement" notait mon prof de géo sur le bilan trimestriel, moi, comme j’étais petit et clown typique de la classe (breakfast club), je ne comprenais pas vers où ni comment j’allais adéquat aux souhaits et barèmes de ce monsieur, ni de cette pédagogie d’alors, moi, j’allais, quand ça me plaisait plus vite, quand ça me plaisait pas, lentement. Dolly, progresse adéquatement a mes gouts, a mes envies, a ce que j’espère de lui, il m’enrichit a chaque opus, il me fait grandir a chaque chanson, il m’ouvre le monde a chaque son, et ceci, est cum laudes, hautes écoles. Je m’y suis remis comme je me dois de le faire, en réécoutant sagement les travaux antérieurs avec temps et patience, reprendre la teinte et le pigment du passé proche, et me plongeant soudainement dans ce "Palais des glaces" comme un nouveau né, nu d’appréhensions, sans filet de trapéziste, a cru, ainsi se déniche la surprise, ainsi se trouve ce plus (et non surplus) que la maturité d’un troisième album est sensé offrir. Christophe, alias Dolly, grand maestro des baguettes, a parfaitement catalysé les paramètres des confections de disques, il a fait son apprentissage et n’a plus a se soucier de cette part nerveuse et froide des accouchements d’albums (quoiqu’il y ait un certain plaisir dans ce travail de chinois), il a fini cette étude des manettes et a fait une fusion avec son intime, trouvant un équilibre qui, loin de fermer la musique dans un style, ouvre a nouveau un chemin de plus, il est chercheur, éclaireur, explorateur, musicien et par dessus tout, artiste, et m’en vois ravi. J’ai eu confiance en lui depuis le début, j’ai risqué, mais la chair de poule ne m’a jamais déçu, et si il continue ainsi, je devrai écrire une chronique par an (ou plus, si il le faut), pour maintenir ce cri de bataille mien "je n’écris que sur ce que j’aime". Bien, entrons ensemble dans ce disque (cette pochette est elle aussi, un progrès mon cher). Toujours armé de son écriture sismique, réunion de phrases qui nouent les thèmes dans un surréalisme poétique Dolly a trouvé cet équilibre dans une forme plus sèche, plus rock certes, et plus naturelle surtout, découvrant dans une violence soutenue amère et puissante, un nouveau sentier a explorer, les machines enfin plus terriennes, les rythmes enfin plus charnel, il quitte un tant soit peu les plages synthétiques du « Venin du matin » et de « Mille citadelles » ses premiers disques pour un univers plus sombre et dur, plus froids, et dans ce « Palais de glace », toutes ses facettes souffrent un certain hiver, une introspection plus intime, plus véridique, a fleur de peau, et qui n’a donc, plus besoin de décor excessif pour exprimer.

Dire que ce disque est plus cruel n’est pas du tout loin de la réalité, des coups ont fait tomber une a une les pièces de l’armure, le son ne se cache plus sous les plages accumulées comme strates, ce disque n’est pas plus rock, il est simplement plus humain, humain en phase crue, nu, heurté comme les meilleurs NIN, ce disque est plus viscéral, dépouillé de l’épiderme protecteur, la chair a vif, que seul le froid des palais semble apaiser, palais vides, abandonnés en solitudes, où le jeux d’écriture habituel de Christophe, patchwork de phrases, atteint le sens profond d’une détresse, zigzagant encore dans la poursuite de lumières, mais voué momentanément, aux ombres. Dire que ce disque est meilleur que les autres serait tout autant mentir, car si quelque chose caractérise le travail de Dolly, c’est l’expérimentation, la quête, la science, le venin était baroque comme un nouveau né, cette faim de donner le plus possible, quand tout s’exagère parce que l’enfant est curieux de tout, parce qu’on ne croit aux limites ni même les envisager, par besoin d’hymnes énormes, quand on veut naïvement être le meilleur en proposant et apprenant le plus possible, les citadelles étaient d’une technique plus étudiée et donc, laissait plus de place a la musique sensorielle, un zeste de liberté dont la spontanéité bénéficiait, d’une poésie plus maitrisée et d’un son plus personnel, encore masqué par le plaisir des technologies, sans rien avouer mais donnant déjà des pistes d’une volonté de s’offrir, émoussée l’euphorie pour laisser planer la sagesse, découvrir que moins est parfois plus, et puis le travail de la voix pour exprimer plus exactement, le palais, quand a lui, est le disque d’un homme, son autobiographie plaies et blessures, son sacrifice, l’intrinsèque, la prose est intimement plus dure, et la voix ne se force pas a dire, elle parle, elle aussi, plus naturelle, plus en accord avec l’âme, la musique pourtant plus sauvage, est plus sage, épurée comme un palais mis a sac. Comprenez alors pourquoi je me propose toujours à parler de lui, parce qu’il y a du fondement aux mots, parce qu’il y a toujours une émotion qui nait, parce qu’il avance comme nous tous, pas a pas dans la vie, les hauts, les bas, mais que lui, l’exprime toujours avec art qui progresse adéquatent.




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