Soyons direct, « Oak Tree » est un chef d’œuvre pop, une merveille qui s’annonçait déjà avec « Mauern » titre qui nous rappelait le Radiohead de OK Computer sans jamais le copier. Gina Eté, musicienne au champ des possibles très ouvert, construit des pièces pop qui tout en piochant dans le patrimoine mondial allant du groupe de Thom Yorke ou Portishead entre autres, se distingue en échafaudant un univers remarquable, sans frontière, sans langue affiliée (« Appart Vide » donne à la chanson française un coup de pied salvateur pour qui en aurait marre du ronflement local.).

Les six titres plus le remix forment un EP étonnant de modernité, ahurissant dans la façon de s’imprégner sans étouffer, bluffant par son écriture fureteuse et inspirée. Avec « Oak Tree » le EP s’ouvre par un standard possible, une chanson qui nous arriverait d’une scène underground qui ouvrirait ses portes à cette pop aventureuse. « Mauern » qui n’aurait toujours pas épuisé le capital d’amour que nous avons pour lui, poursuivra un chemin que le disque semble dessiner progressivement. Ce sera à « Widmill » pop lumineuse de nous irradier de sa simplicité relative, car derrière elle se cache un univers presque baroque, totalement addictif, introduction parfaite à l’univers plus sombre et plus tortueux de « Im Rhy ». « Appart Vide » lui est une huit clos décadent, une lente plongée dans un amour fatiguée dans ce qu’il a de plus quotidien. Avec ce titre Gina Eté évite la poésie élimée tellement utilisée pour un descriptif presque Houellebecquien, la torpeur manifeste en moins. C’est avec « Hazel’s House » que « Oak Tree » se termine, un titre aux accents Portisheadiens revisités par une Gina Eté qui tout de long de cet EP n’aura eu de cesse de nous émerveiller. Après un single épatant, un EP bluffant Gina Eté n’a certainement pas fini de d’imposer son écriture. C’est un disque rare, un de ceux qui marquent une année.