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C’est une rencontre comme seul Ray Borneo semble capable d’en faire. Son oreille charmée par le son de la voix d’une femme le temps d’un cocktail, il décide de constituer pour elle un écrin musical qui pourrait accueillir celle-ci. À l’instar d’un Gainsbourg qui emmenait Birkin dans son univers en le transposant dans un swinging London (que Gilia arpentera le temps d’un « Proche » très ambitieux dans sa manière de ralentir le tempo sans que le souffle manque), Ray Borneo propose à Gilla Girasole de la faire entrer dans la fabrique Petrol Chips en prenant bien soin de lui confectionner un décorum lui rappelant le cinéma italien, tout à la fois les films à sketchs, la grandeur de Cinecittà ou la vision Godardienne des studios dans le Mépris. Tout cela posé, il fallait mettre des mots, et les faire dire par Gila, profitant du fait que l’accent pouvait donner aux textes une texture différente.

Ce sera chose faite entre Gillia, Ray et Noel Belmondo, dépeignant de façon direct ou iconoclaste une société complètement à la dérive, où le ridicule et la bestialité semble avoir pris définitivement le pas sur la bienséance et le savoir vivre. Afin qu’elle s’installe dans son disque, Gilia ouvre sur un texte de Pasolini, et même si nous ne comprenons rien à la langue de Franco Baresi, l’émotion qui se détache de cette chanson comme échappée d’un des satellites que Ray Borneo laissent partir dans l’espace loin des orbites réductrices. C’est beau, c’est prenant, Gilia quitte progressivement son costume d’actrice pour rentrer dans celui que Ray Borneo lui offre, celle d’une chanteuse funambule sur des morceaux cinématographiques à la causticité débridée et jouissive (Quelle Élégance ! / Les Gens Sont Dégoûtants) s’inventant des chansons comme sortis d’un grimoire des berceuses sarcastiques de la botte (Dimmi Chis Sono).

Ray Borneo peut alors laisser libre court à ses constructions sonores d’un autre temps (Bianco & Nero), plongeant Gilia qui sans en faire trop, nous imprègne de sa mélancolie (Balade). Le cinéma, il en sera question avec l’écho de « Brindille » et l’aspérité très Freaks de « Réclame » qui en profite pour dénoncer la connerie ordinaire via des choses extraordinaires.

Étonnante quand elle perd son accent dans « Trois fois Rien », Gilia jubile de titre en titre sur des chansons, bande son qui magnétise (Ceci N’est Pas Une Chanson), jusqu’aux dernières secondes de « Terrifique » qui confirme que de telles rencontres semblent être l’apanage de Ray Borneo (Brisa Roché, Vestale Vestale ou avec Tara King Th) mais aussi que celui ci a une signature sonore qui n’appartient qu’à lui. Une rencontre parfaite.




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