Sortie en septembre de l’année dernière, ce disque aura été un compagnon de confinement, l’exutoire impeccable quand il était question de survie mental au milieu de ce chaos invisible. Ce nouvel album du groupe de Teramo vient clôturer un septennat de haute lutte, pour un groupe qui grandira avec l’insertion du saxophone de luca Di Giammarco, électrolyse autour de laquelle cet after punk jazzy tournoiera jusqu’à la quasi-perte des sens les plus primaires. « New Sex Society » est le contraire du JSBX.

Le disque à l’inverse de ceux de JSBX s’il est séxué au plus haut point, ne nous agrippe pas alors que le spasme se déclenche, il nous englobe dans l’avant, tentant de nous assoiffer. Il y a une liberté totale dans le rythme et la direction empruntée ("Space Time Bubble" à ce niveau est un cas d’étude.), ne donnant pas l’impression de savoir où la chanson ira, mais fonçant comme si un acte ne répondant à plus aucune volonté que celle, de jouir du moment, devait se dérouler.

Chez Inutili l’importance n’est pas de savoir où nous devons aller, mais avant tout comment nous allons y aller, par quel moyen il nous sera possible de nous déplacer, quitte à se brûler les ailes et de nous consumer sur place (Star Whores). Les fantômes qui rodent autour de ces chansons semblent s’être échapper du cimetière ouvert à la mort de Warzaw, mais qui se seraient émancipées non pas au contact d’un punk en perdition, mais dans une cave fréquentée par les mécréants de l’establishment jazz, inventant un after jazz à la lisière de tout ce qui pourrait s’apparenter à une contestation de la froideur de notre dystopie volontaire. Ce disque est une façon de jouir avec effort, de ne pas prendre le plaisir, mais d’aller le chercher même dans les recoins les plus profonds. C’est un disque qui ne laisse aucune place à la morgue normative que nous finissons tous par nous imposer par fainéantise, un uppercut à la soirée David Hamilton chez les adorateurs d’une ligne sexuelle claire. C’est animal, et je peux vous l’assurer après multiples écoutes, nous ne sommes pas mal.