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  • 13 juillet 2020 /
    Eskimo
    L’interview

    réalisée par FLK

C’est peu de dire que le 1er album d’Eskimo nous a touché en plein cœur : à la fois complexe et immédiat, tant dans les textes que dans les musiques, il regorge d’instants magiques et d’images évocatrices…
Nous avons tout naturellement souhaités nous entretenir avec Marie pour lever un peu le voile sur son univers. Pas certain que nous y soyons réellement parvenus : gageons que d’autres occasions se présenteront.
(Interview réalisée par email début mai 2020)

ADA : Peux-tu un peu nous parler de ton parcours artistique ?

Eskimo : J’ai toujours chanté étant petite. Ensuite, école de musique, rencontres, premier groupe de style cold wave et après ce fut l’aventure De La Jolie Musique et mon Ep en 2016.

ADA : Ton 1er album "Que faire de son cœur ?" vient de sortir. Ce qui est frappant à son écoute est une impression d’équilibre parfait entre une musique qu’on qualifiera d’exigeante et une musique plus "pop". Est-ce quelque chose de voulu, de réfléchi ?

Eskimo : Oui j’ai voulu les deux. Et en même temps il y a de la musique pop exigeante et de la musique savante accessible. L’équilibre reste une opposition de force.

ADA : Comment les morceaux de l’album sont-ils nés ?

Eskimo : Je suis partie en résidence pour écrire. C’était à la montagne en janvier 2017.

ADA : Comment s’est passé l’enregistrement ? Le travail des arrangements ?

Eskimo : J’envoie mes démos aux musiciens et ensuite on bosse les arrangements en répétition. L’enregistrement s’est bien passé même si j’étais très stressée comme jamais. Mes musiciens sont fantastiques et on a eu peu de jours pour enregistrer mais l’efficacité était là. J’ai eu la chance aussi de bosser avec Guillaume Jaoul qui a réalisé l’album en plus de l’enregistrement et du mix fait par lui. On a travaillé ensemble pour avoir cette couleur.

©Indira-Dominici

ADA : Sur Dancing Shadows, ton 1er EP, tu chantais principalement en anglais (un seul titre en français). Là, pas moins de 4 langues (si j’ai tout bien compris). Autant le français et l’anglais sont courants, autant le japonais et le coréen sont plutôt inattendus. Y a-t-il une raison particulière à chanter ces langues ?

Eskimo : Je suis fascinée par le Japon depuis toujours. Le coréen, j’ai une très bonne amie coréenne et je me suis dis pourquoi pas ? Elle est venue plusieurs fois me faire répéter pour ne pas faire de fautes de langage.

ADA : Ta façon d’écrire est assez singulière : tes textes ne racontent pas une histoire au sens strict, mais nous laissent imaginer des choses, des situations, des moments, avec très peu de mots… où l’émotion est palpable. Comment te vient cette écriture évocatrice ?

Eskimo : Je préfère évoquer pour (r)éveiller chez chacun le travail d’imagination et tenter une union symbolique avec la musique.

ADA : C’est assez étonnant que cet album ne sorte pas sur un label, vu sa qualité et la possibilité d’en extraire des singles (Sirène, par exemple). As-tu essayé d’en démarcher ? Si oui, as-tu eu des réponses (et lesquelles, éventuellement) ?

Eskimo : Un label n’est pas une fin en soi. Je suis seule sur cet album mais je reste ouverte si on me propose de collaborer avec un label dans le futur.

ADA : D’ailleurs, il n’y a pas de version physique du disque. C’est un choix ? J’ai entendu parler d’un single 45 tours ?

Eskimo : Les cd ne se vendent plus. Les disquaires pour la plupart n’en veulent plus. Et les 33 tours coûtent chers donc je me suis tournée vers un 45 tours pour le moment.

ADA : On retrouve Fragment Wall (déjà présent sur Dancing Shadows) mais la chanson a beaucoup évolué, et est passée de l’anglais au français. Qu’est-ce qui t’a donné envie de la reprendre ainsi ?

Eskimo : C’était la seule chanson de l’Ep que je voulais transformer et garder mais elle se devait de suivre l’évolution de l’album qui était tourné vers le français.

ADA : On te sent très attachée à l’aspect visuel, notamment pour les vidéos. Comment envisages-tu ce média ? Que doit-il (t’)apporter ?

Eskimo : La peinture, le cinema, la photo me nourrissent beaucoup et m’inspirent pour écrire de la musique. La musique doit faire des conjonctions avec le visuel et d’autres sortes d’art. Collaborer avec d’autres artistes et créer quelque chose avec eux me semble naturel et inévitable.

ADA : Un coup de cœur récent (livre, film, musique, autre) ?

Eskimo : Un coup de coeur musical ce serait Big Thief et un livre, Solenoide de Mircea Cartarescu.