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Ce sont des enregistrements exhumés qui viennent de paraître chez l’excellent label Super Apes, label d’indécrottable amateur de rock n’roll (avec l’accent de Dick Rivers, c’est mieux). Après la déflagration provoquée par la sortie de l’album de Les Blousons, disque qui habite encore nombre de mes playlists dominicales, Super Apes sort l’album d’un jeune premier (bon, là, je parle pour ceux qui n’auraient pas suivi un seul mois d’actualité de la musique souterraine d’ici depuis vingt ans). Kim, jeune musicien à la tête d’une petite cinquantaine de disques, qui s’est frotté à l’ensemble des styles musicaux possibles (vivement un disque sur la Batucada) depuis plus de vingt ans, nous arrive avec un disque sobrement appelé « Rocks ». À l’instar de Dominique A qui appela l’un de ses meilleurs albums « La Musique », ou de Damien Saez qui appellera son prochain «  La bouze », Kim donne le ton de son disque dès le titre, car « Rocks » est un disque de Rock, sans en être une ode (I Hate Rock’n Roll) il en reprend les codes les plus courants, jusque dans le son, les tics, le vocabulaire et la thématique. Accompagné de Blondine Morisson à la basse et à la voix et Ollie Joe à la batterie, Kim nous replonge dans un rock garage du temps des rouleaux à frisés que nos mamans mettaient pour pouvoir bouger la tête sans être décoiffées en écoutant les solos de guitares épiques des groupes de cette époque (No Soul). Originalement enregistrés pour un album sur le hard rock, Kim avait laissé ces enregistrements, y revenant le temps du confinement, et rien que pour cela, nous ne pouvons que remercier le COVID de donner le temps à des choses de murir, et certes oui à d’autres de mourir. « Rocks » pourrait être un disque intergenerationel, un passeport vers le passé avec quelque chose de présent ( c’est le cas avec ma fille de onze ans). Ce qui fascine chez Kim (c’est le cas.) c’est sa faculté à rester derrière la chanson, de s’effacer tout en étant présent (un don que nous voudrions tous avoir) de ne pas en faire des tonnes sans pour autant être invisible. Avec sobriété et conviction, Kim nous offre un shoot libérateur de morceaux express et ramassés (à part la conclusion épique de « Ice Cream », mantra rock à la Marty McFly de plus de neuf minutes) avec un respect tout aussi rock car loin normalement, de l’habitude de cette culture. Rock !!!!!