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Notre époque ne sait plus trop se présenter sans passer entre les mains sataniques d’un filtre. On édulcore ou dégrade la vérité, on se rend plus beau, on s’affranchit de l’écriture, cachant sa vacuité derrière une production aussi épaisse et grossière qu’une campagne électorale. Dans ce brouillard aveuglant, avoir un esprit clair et une vue aiguisée est primordiale, à moins de tomber sur « Fruit of Errata » de Yumbo, disque traversé par une grâce démoniaque car immédiatement adoptée. Pas moins de 18 morceaux et 90 mn de musique, de pérégrination dans un magasin de disques, de réflexion sur la vie, sur la puissance de la terre. 90 minutes d’une symphonie pop minimaliste, comme un vêtement à l’élastique fatigué qui gagnerait en charme au fil de sa dégradation. Yumbo se faufile dans tous les styles de la pop avec une candeur désarmante, donnant à des chansons comme « Cake » une attractivité pas connue depuis le premier album de Ben Lee. On sent un voisinage possible avec l’univers créatif de Pascal Comelade, une version dépouillée à l’extrême des extravagances d’Arcade Fire, une captation des effluves d’une pop sucrée et mélancolique venant des 60’s et réactualisées par Belle and Sebastian.

C’est une petite chronique, pour un grand disque, qui cache derrière le filtre de la simplicité, une écriture savante et érudite confiée à une interprétation dépourvue du moindre maniérisme. Yumbo ou la bise la plus surprenante et adorable que nous avons eu à traverser depuis des lustres.




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