C’est vrai ça, pourquoi s’embêter ? Pourquoi se retourner le fondement à grand coup de circonvolution dans le seul but de ne pas déranger ses aïeuls ou sa hiérarchie ou son commandement ? Est-ce qu’ils se gênent au-dessus ? Est ce qu’ils prennent des gants quand il est question de manipuler la nuque des esclaves modernes, eux même persuadés qu’avec des crédits à la consommation, ils sont plus riches que les grands-parents qui eux finirent avec un parc immobilier sans jamais faire des génuflexions face aux banquiers ? S’agenouiller et au final ce mal profond que ce disque des Polonais de Why Bother ? semblent vouloir nous empêcher de faire, sans pour autant nous recouvrir d’une huile massante à la saveur complotiste. Projet composé par Bartosz "Boro" Borowski (Lonker See, B3-33), Maciej Szkudlarek (Lastryko, Logophonic) et Łukasz Kumański (Me and That Man, Mulk), Why Brother ? laisse la parole à des femmes (et à Rafat Jurewicz), tout autant poétesses que rockeuses, tout autant femmes des barricades, que sirènes à la vengeance à peine masquée par un after punk apocalyptique, un chant de rage au milieu du désespoir. Rouge de rage, cet album fonce, laissant le lyrisme vomissant des révolutionnaires sous-traité du mainstream, pour un spoken world et une logorrhée, la mâchoire tendue et le regard en coin avant de lâcher un direct du droit bandé depuis si longtemps dans une forme de soumission au but mortifère et dissolue dans le poison de la consommation. Sortant d’une forme de dissidence, Why Bother ? ne prennent pas de pincette, mais distille une musique tendue et raffinée dans son genre, ne tombant pas dans la bouillie souvent servie dans ce style de démarche, pour nous offrir un disque d’une densité époustouflante (un titre comme « Wspomnienia (feat. Joanna Kurcharska » ) est une drôle de rouleau compresseur qui détruit tout sur son passage, sauf les fêlures d’un avenir possible). Alors pourquoi s’embêter, alors qu’un clash à la diatribe acerbe et cinglante nous donne l’occasion de nous libérer (au moins dans la tête) de nos chaînes, avec « END (feat Joanna Kurcharska) » comme hymne de la libération. Solidarité.