Mine de rien, sans faire de bruit, Magon s’installe avec ce deuxième album comme un des meilleurs songwriters d’ici, dans une tradition qui peine pourtant à tisser sa toile dans l’univers trés plan plan parfois de la chanson d’ici. Franco israélien de passeport, Magon ne l’est pas vraiment dans ses compositions et dans son interprétation. Cet arrière-petit-fils du Velvet Underground est un fin décodeur de notre époque, qui pourrait former avec Courtney Barnett le duo le plus excitant de cette époque maudite. Se distinguant par une absence totale de maniérisme et de pose, Magon dégage une sincérité rare, nous plongeant dans des émotions diverses, signant quelques-unes des plus belles chansons de rock garage ou psychédélisme avec des prénoms de femme (Yolanda - Alexa). Érudit au point de cacher des clins d’œil ici et là (impossible de ne pas penser à Sonic Youth sur « Aerodynamic » et cette voix de femme qui n’est pas sans nous rappeler la Kim Gordon de l’album Washing Machine). Sachant se faire joueur, entre la petite frappe et le jeune cacique déchu du pouvoir iranien dans le bureau des légendes (Shackles of the Wretched) profondément mélancolique grâce à cette voix qui tangue vers le Damon Albarn débarrassé de ses oripeaux bluriens (Coucou My Friend). Alors si l’album s’ouvre sur une belle ballade que l’on imagine prendre sa source dans les bas-fonds d’un New York avant-gardiste mais décomplexé (Change) et qu’il s’amuse avec ce temps fuyant avec un flow qui n’est pas sans rappelé celui de Huey Morgan sur la chanson titre « Hour After Hour », l’ensemble compose un disque sans une seconde dépourvue d’intensité, une vraie réussite d’un jeune homme qui s’il s’inspire du temps qui passe, s’inscrit assurément dans celui-ci et pour longtemps. À se procurer absolument.