Les étiquettes sont faites pour valser et avec bonheur quand elles transforment un groupe de chanson réaliste version têtes raides en challenger de Kat onoma, au titre de pendant français aux Tindersticks et à l’esprit de Nick Cave et de Tom Waits. Les hurleurs est un fantastique papillon à la mue aussi belle qu’imprévue. La connexion est rapide, produite par Ian Capple, les Tindersticks remerciaient dans le livret, il n’en fallait pas plus pour s’intéresser à un groupe qui ne devait jamais être présent ici. Blottie la chanson titre de l’album, est l’instrumental de la mue, où le passé valse dans un tourbillon vers le présent dans une ambiance que même les joy division addict ne renieraient pas. L’épreuve du feu elle est une proposition méchamment convaincante. On va suivre et sans forcer les hurleurs, allumant un feu incandescent et tendu. On oubli le passé c’est promis. Accès principalement sur nos rapports complexes, l’album prend une dimension encore supérieur sur il y a des jours et sa rythmique saccadée à contre temps. Le texte miraculeusement rentré, rappel le meilleur d’un Miossec tendre. Et c’est crescendo que l’on monte vers le sublime derrière la buée et son subtil et terrible "si demain est un doute c’est un chemin qu’on connaît assez". A ce stade souvent l’amour s’essouffle, l’inspiration est meurtrie par temps d’effort et les envolées restent au sol. Dans ton sommeil, lui plane de plus belle. Sous son air volatile, ce morceau est d’une sensibilité et beauté rare. Une des plus belles déclarations d’après rupture. Les hurleurs y atteignent des contrées insoupçonnées et colle à Kat Onoma des années de retard. Pour les oiseaux de nuit c’est Tricky à la rencontre d’un Nick Cave moins caverneux mais tout aussi inquiétant et sublime. Délicat et audacieux, le meilleur moyen de clôturer ses journées de tristesse. Après la peau de Dominique A c’est de la peau à la peau, plus charnel et terrifiante. La vie est remise en avant, la mort aussi de par là même. Plus de fuite en avant, profitons en. Tous s’enchaîne alors jusqu’à cette séparation où tout commence par des percussions à la main loin de l’esprit gipsy, on célèbre "un grand jour à sa propre façon", un mariage à l’envers. Le divorce avec humour noir. Chanson que Miossec tente de semer depuis le départ, mais le fruit n’est jamais assez mûre pour en tirer quelque chose. Les histoires d’amour, chez les hurleurs, finissent mal en général. On passera sur cette étuve trop distancier pour le reste pour s’attarder sur ce dialogue, le plus Tindersticks de Blottie. Une voix bien trop basse sur le début est vite contrebalancé par une douce virgule féminine (comme sur le touchant noche madrilena). Comme Isabela Rosselini, Pascale Daniel fait entrer une lumière nouvelle et pesante, les larmes au bord des yeux. Plus que jamais blottie le long de ce disque, chef-d’oeuvre absolu, papillon triste et magique. Les hurleurs viennent de signer un miracle. Hurlez le !! les larmes aux yeux et la gorge nouée.