Atteindre la volupté n’est pas chose aisée. Il faut savoir de détacher d’une forme de laideur commune qui semble clouer nos semblables au sol, englués qu’ils sont dans une facilité venimeuse et ô combien réductrice. Il faut être capable dans le même temps, de ne pas prendre les hauteurs pour une puissance d’écrasement, laissant la laideur commune sous son ombre ténébreuse et sentencieuse. Non la volupté, c’est emmener ce que nous pourrons prendre pour de la candeur vers une sorte de bénédiction ici sonore. C’est à la fois s’interdire la facilité grossière, mais également le maniérisme hautain et castrateur. « Social Kaléidoscope » porte cette volonté dans son nom. Social, un mot galvaudé à grands coups de réseaux reprend ici son sens premier, et l’écriture de Boris Maurussane en est la première responsable. Souhaitant nous redonner le sourire comme le firent les Beach Boys en abandonnant une partie de ses envies criardes, Boris enfile un des costumes de Stereolab (la voix n’y est pas étrangère, évidence dés « Your Life is Full of Leaves ») et se ballade dans ses rêves dans lesquels Robert Wyatt, The Zombies, John Coltrane ou Debussy veillent à ce que ces films de la nuit impriment suffisamment la pellicule.

Accompagné entre autres de Julien Gasc, Jean Thevenin ou Emma Broughton pour ceux que nous croisons souvent ici, Boris Maurussane s’inscrit dans une minivague française, amorcée par The Reed Conversation Society, même si ici, pour son premier album solo, le jeune homme à la moustache, s’absout complètement d’une grammaire nécessaire, mais qui ici ferait perdre tout sens à la direction prise (on notera que les ondes de Pierre Henry ne sont pas encore du domaine des petites perceptions leibniziennes).

Il faut écouter « 5,4,3,2,1,0 » pour toucher du doigt le prodigieux, ou encore « Fun » pour entendre une des plus belles chansons entendues depuis des lustres.

Volupté : plaisir moral ou esthétique très vif. Je ne pouvais pas mieux résumer ce disque.