Habitués d’ADA et loué en ces pages, Selen Peacock nous revient avec un troisième album ébouriffant, dont les neuf titres sont cette fois intégralement chantés en français, les voix de Johan Saint et Morgane Carnet se mariant à merveille pour offrir à l’auditeur une narration aventureuse, qui l’entraînera aux confins de l’« Horizon Fondu ».

Depuis 2013, le projet à géométrie variable de Johan Saint - aujourd’hui en quintette -, abrité par l’excellent label Another Record, se joue des genres et des frontières. Si, dans sa biographie, Selen Peacock invoque Brigitte Fontaine et Aquaserge, l’on pourrait tout aussi bien évoquer Martin Circus, Animal Collective et Stereolab, tant « Horizon Fondu » prend soin de multiplier les pistes, mais sans maniérisme, non, il s’agit uniquement du plaisir inouï de ne rien s’interdire, se mettre au service de la pulsation et d’une créativité sans bornes.

Le cœur de l’album oscille entre jazz (du groove dans un cadre toujours en mouvement) et pop (il y a des mélodies à se mettre sous la dent), rien de réducteur : ici un motif de guitare math rock, là un duel de saxophones, ailleurs des arythmies jamais bêcheuses, sans compter les clins d’œil des textes à tiroirs et un long final testamentaire, tout fait que « Horizon Fondu » maintient l’attention éveillée. Débordant de générosité, il va nous occuper un bon bout de temps. Le disque se termine, bah c’est simple, allez, on se le remet.