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Derrière une superbe pochette cryptique, signée Uls Metzger, se cache le premier album d’Alessandro Incorvaia, dont le titre pourrait être celui d’une nouvelle de Lovecraft, évocation sans fard de l’état mental dans lequel se trouvait l’Italien basé à Londres durant l’enregistrement des six morceaux de « It Emerged To Hold Me », publiés par le label amstellodamois Shimmering Moods Records.

Confondue avec la mélancolie, la dépression est aujourd’hui dépréciée, dans le sens où elle est devenue un marqueur social comme un autre, servant de graduation émotionnelle à celui qui l’évoque ; ce serait comme une preuve de son immense sensibilité et de son ouverture aux autres. Il suffit pourtant de lire le « Face aux ténèbres » de William Styron pour comprendre que la dépression est une véritable saloperie handicapante et isolante, qu’on ne saurait associer à des états d’âme passagers, tels que relayés par des artistes de variété en manque de storytelling.

Alessandro Incorvaia s’est servi de la musique pour remonter la pente quand, début 2021, il se sentait au fond du trou, et c’est par la mise en place d’une routine quotidienne (la routine tue, la routine soulage) et de journées et de nuits passées à empiler puis épurer les couches de synthétiseurs, de guitares et de samples, que « It Emerged To Hold Me » a pris forme, en de longues plages vaporeuses et réverbérées, noyées dans une brume lumineuse où l’on distingue des formes mouvantes et bienveillantes : il faut parfois savoir créer ses propres mirages – ici, un album soigné, particulièrement beau et apaisé -– pour échapper aux mirages qui nous entraînent trop loin.




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