François Merlin n’est pas que cet écrivain raté rêveur timide et fauché, incarné par un Jean-Paul Belmondo taillé pour ce rôle bipolaire, qui traverse avec panache et maladresse le fameux film de Philippe de Broca sorti en 1973, « Le Magnifique ». C’est également un musicien accompli qui, après un premier album publié en 2018 (« Persona » - le garçon est cinéphile), nous revient avec un splendide « Les Magnifiques », dans un étonnant registre post-rock lounge, à base de guitares saturées (ou cristallines), de rythmiques menaçantes (ou aériennes) et d’arrangements à la lisière de l’easy listening, ayant pour ancrage une exigence de beauté pure et immédiate.
Fête des sens, Godspeed You ! Black Emperor et Ennio Morricone lancent les invitations, Maria Callas se pointe en robe Soulages , Fantômas la flatte en lorgnant son collier de diamants, Zorro se gratte la moustache (où est Bernardo ?), on kraut-danse les yeux fermés, la soirée s’éparpille et tourneboule, on se réveille pâteux quelques heures plus tard dans son lit solitaire, chambre mansardée sous les toits, la lumière grise s’incrustant sous les paupières lourdes.
Qui est donc ce François Merlin dont on sait si peu de choses, hormis qu’il a étudié à Rennes et qu’il est documentaliste à Radio-France ? On pourrait solliciter Araki Records pour en savoir plus mais respectons le mystère, laissons le charme agir, embarquons nous à l’aveugle pour un voyage cinématographique riche en images sonores : « Les Magnifiques » est un régal, truffé de clins d’œil référencés et néanmoins très original, qui vous raconte au creux de l’oreille une histoire passionnante, de laquelle on sort enchanté.