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  • 28 mai 2023 /
    KNTC
    “The Great Escape”

    rédigé par ALBERTINE D.
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« 2020 a été le point de départ d’une dépression violente et qui m’a laissé épuisé. J’ai mis un certain temps avant de mettre un nom sur ce mal-être, que je voyais comme un halo qui me piégeait et me rendait invisible. Quand j’ai finalement pris conscience de ça, quand j’ai accepté ce ressenti, j’ai eu l’impression qu’une bombe explosait en moi ». Ainsi sont nés les premiers mots de « The Arrival ».

Et ainsi traduit-il son expérience d’écriture, Clément de KNTC. « Le ciel ! Couvercle noir où bout l’imperceptible et vaste humanité » : Baudelaire nous vole les mots qui pourraient surplomber de leur acuité l’écoute de ce premier album. Point de cette fameuse lumière au bout du tunnel, pas de pitié pour les mollassons, ouille ça va faire mal quand on les verra sur scène, les KNTC... Intensité, intensité.

Influencé par The Offspring du début, par Soundgarden, leur album « The Great Escape » donne en effet envie d’être étudié et non pas survolé. Il puise aux racines du hardrock, de Metallica en passant par Muse. Dès le second titre (« Hunting Hunters Hunting Preys ») le chant marque un tournant dans l’album, la voix étant modifiée par des intensifications du plus puissant effet. Ce morceau - cette chanson plutôt - est fort, et il met les choses au clair, pose les cartes sur table. On n’est pas là pour rigoler ni pour se ramasser une grosse tôle en mode « Coucou ! C’est la première fois que je joue au poker, vous serez gentils hein ? ». KNTC est un groupe lyrique - hop, on est déjà au troisième morceau, les claviers nous surprennent : il faut foncer. Ce chant de dingue est d’une qualité, ben… inqualifiable. C’est un peu le marathon, mais pas pressé, juste incisif et mordant.

La force de KNTC réside aussi bien dans la puissance de l’interprétation - le chant, donc - que dans le choix des instruments, de la dextérité des musiciens, de ce qui a probablement été étudié et sélectionné en studio lors de l’enregistrement, des décisions qu’on a prises en équipe, etc. On a hâte de les voir sur scène (ils ont joué à Paris le 21 avril, et si leur tournée d’été commence le 1er juin, on attend impatiemment davantage de dates que celles indiquées sur les réseaux), d’observer l’évolution d’un groupe aussi ambitieux.

L’ impression sous-jacente de morceaux tels que « Silence and Noise » c’est que c’est un groupe qui va y arriver… arriver où ? Ben dans des stades, pardi ! Je ne déconne pas : écoutez « The Great Escape » et osez me dire que ces deux-là ne vont pas réussir à tourner all over the planet et à faire danser des milliers de personnes ? Cette fameuse échappée, elle sera belle ou elle ne sera pas. Pourtant KNTC c’est juste Clément et Lucas (avant il y avait Mathieu, mais la vie sépare parfois - souvent ! - les musiciens, même les mieux intentionnés (après, je crois que Mathieu est Vierge ascendant Scorpion, donc normal hein). Clément écrit les textes, il les soumet à Lucas, qui compose, et ensuite ils enchaînent. Cet album-là leur a beaucoup coûté, en termes d’heures de travail, de dialogue, de compromis, d’échanges (tout cela est fort bien expliqué sur leur site, en langue anglaise cependant parce que nos deux types exigent d’être entendus, et écoutés, du plus grand nombre) - qui leur donnerait tort ?

Influences électroniques, pop-rock… Une petite fée me susurre à l’oreille que décidément, de Lyon, viennent de chouettes groupes. Vous êtes déjà allé (e) s à Lyon ? Cette ville m’évoque de très brillantes lumières la nuit, des ponts, de très blanches architectures, des ponts, le skate-board, et une soirée particulièrement drôle pendant laquelle des inconnus dansaient tout déguisés dans une minuscule - et crade - colocation. Je n’y ai passé qu’un week end et comme vous pouvez le voir il était sans intérêt.

Contrairement aux KNTC, qui eux se montrent plutôt bavards. En témoignent leurs réseaux sociaux et les messages qu’ils y postent. « Vous êtes nombreux à nous demander la signification de ce clip, mais on ne vous dira pas de quoi parle « Mirrors ». On pourrait, mais ce serait vous voler votre interprétation, votre imaginaire, votre ressenti. Ce qu’on peut vous dire, c’est que « Mirrors » c’est aussi votre histoire et la nôtre. Deux entités qui sont éloignées, mais qui avancent petit à petit pour se rejoindre. Cette réunion s’est concrétisée quand vous avez pris le temps de regarder et d’écouter « Mirrors », et une fois encore, mille mercis. Mais à la différence de ce qui se passe dans le clip, (spoiler alert) on peut continuer notre chemin ensemble. »

C’est apparement le single « Hunting Hunters Hunting Preys » que le public écoute le plus. J’en suis surprise car « Wrong Side of the Screen » semble plus abouti, plus affirmé, et surtout assez risqué (petites touches de piano fondant vers une batterie hyper à l’aise).

Généreux et ambitieux, les deux KNTC vont aller loin, et nous les suivrons : ils y travaillent et ça s’entend ! Longue tournée à eux et à cet album hors-du-temps et néanmoins ancré bien à sa place d’échappée belle.




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